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Pour lutter contre le moustique tigre, Genève s'équipe d'un nouvel insecticide biologique

Pour lutter contre l'invasion du moustique tigre, le canton de Genève va traiter plus de 8000 bouches d'évacuation d'eau, grâce à un nouvel insecticide biologique
Pour lutter contre l'invasion du moustique tigre, le canton de Genève va traiter plus de 8000 bouches d'évacuation d'eau, grâce à un nouvel insecticide biologique / 19h30 / 2 min. / le 30 mai 2024
Face à la prolifération du moustique tigre à Genève, plusieurs communes sont désormais équipées d'un insecticide ciblé. Ce produit biologique sera utilisé pour détruire les larves de cet insecte invasif directement dans les canalisations.

Les bouches d’égout sont devenues des nids pour la reproduction du moustique tigre. Les canalisations où s'accumulent des eaux stagnantes sont en effet propices à la prolifération de cet insecte, qui peut propager des maladies comme la dengue ou le virus Zika.

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A Genève, le moustique tigre devrait avoir colonisé d'ici cet été l'ensemble des zones urbaines. Plus d’une dizaine de communes et de services cantonaux ont donc fait appel à des désinfestateurs équipés d'un produit ciblé appelé "BTI" (Bacillus Thuringiensis Israelensis), un tout nouveau larvicide sous forme de granulés à base de protéines.

"Cette protéine est ingérée par la larve avant de rentrer dans le tube digestif", explique Damien Dusonchet, désinfestateur chez EGB Nuisibles, dans le 19h30 de la RTS. "Cela deviendra une toxine, ce qui va détruire l'intérieur de la larve".

>> Les précisions du 12h30 :

Moustique tigre sur une peau en gros plan. [Depositphotos - RobertAx]Depositphotos - RobertAx
Genève prend les devants face à la menace du moustique tigre / Le 12h30 / 1 min. / le 31 mai 2024

Une espèce "hyper invasive"

Ce produit biologique est redoutablement efficace pour lutter contre cette espèce invasive venue de Chine qui a proliféré à Genève et dans le reste de la Suisse romande à grande vitesse. Une seule femelle peut en effet pondre des milliers de moustiques et les produits utilisés jusqu'ici ne duraient pas assez longtemps pour endiguer le phénomène.

"Malheureusement, c'est ce qu'on appelle une espèce hyper invasive. On ne peut pas l'éradiquer une fois qu'il est là", indique Gottlieb Dandliker, inspecteur de la faune du canton de Genève. "Il y a tellement d'endroits où il peut se réfugier qu'on n'y arrivera jamais. Par contre, ce qu'on peut faire, c'est lutter et éviter qu'il y ait des densités."

Le canton prévoit donc de traiter 8000 bouches de canalisation dans les semaines à venir. Le traitement sera ensuite renouvelé deux fois, en juillet et en septembre.

La Confédération veut garder la population de moustiques tigres sous contrôle

Les particuliers sont quant à eux invités à redoubler de vigilance et à traquer les points d'eau stagnante à leur domicile. Le BTI est également proposé dans le commerce, ainsi qu'une formule aux effets moins persistants.

Ce larvicide est également utilisé ailleurs en Suisse, à l'instar du Tessin où, en plus d'en faire usage dans ses égouts, le canton a lancé une campagne d'information encourageant la population à se servir du BTI chez eux. Il est également utilisé dans les réserves naturelles (comme au Bolle de Magadino).

Des études (voir notamment celle-ci, publiée dans Science) ont montré qu'il n'y a pas d’impact sur les espèces non cibles, même les prédateurs comme les larves de libellules. Les Chironomes sont eux par contre sensibles et constituent une part importante de la nourriture en milieu aquatique.

Le problème pourrait résider sur l’effet à long terme sur la biodiversité ou sur un effet combiné avec d’autres substances.

Cette stratégie va cependant à l'encontre de celle du canton de Vaud et de la Confédération, qui préfèrent pour l'instant se limiter à l'intervention de professionnels en possession d’un permis biocide pour traiter uniquement l'espace public.

Car la question de la toxicité de ce bio-insecticide pour les autres espèces sensibles n'est pas totalement tranchée, notamment en milieu aquatique. Certaines organisations de défense de l'environnement ont en effet demandé un moratoire pour ces produits, craignant des réactions en chaîne sur la biodiversité.

Sujet TV et radio: Claire Eckersley et Sophie Iselin

Adaptation web: Emilie Délétroz

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