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Proposée par des élus UDC, l'interdiction des symboles de haine à Genève est combattue... par l'UDC

L’UDC Genève retourne sa veste sur l’interdiction des symboles nazis
L’UDC Genève retourne sa veste sur l’interdiction des symboles nazis / Forum / 2 min. / le 4 avril 2024
L'assemblée de l'UDC genevoise conseille à la population de voter contre une loi sur l'interdiction des symboles de haine, projet pourtant proposé par ses propres élus. Un désaveu qui intervient dans un contexte de tension au sein du parti. 

Il y a quinze jours, l'assemblée cantonale de l'UDC Genève a pris position contre la loi interdisant les symboles de haine, alors même que ses élus l'avaient plébiscitée au Grand Conseil, a révélé La Tribune de Genève. 

La majorité des membres a choisi de suivre Yves Nidegger, seul député UDC à s'être opposé au projet, qui argumente que cette interdiction est impossible à mettre en œuvre. 

Ce changement de cap décidé par l'assemblée est déploré dans les coulisses. Plusieurs membres regrettent que la direction du parti ne se soit pas battue davantage pour sauver ce projet de loi. Plus largement, certains disent observer une absence de ligne politique claire de la nouvelle présidence de l'UDC genevoise.

Passation de pouvoir tendue

Les premières tensions au sein de l'UDC genevoise remontent au changement de présidence en décembre dernier. Le viticulteur Lionel Dugerdil avait alors remplacé Céline Amaudruz après 13 ans de règne. Mais cette passation de pouvoir a été loin d'être sereine.

Il y a d'abord eu les démêlés de Lionel Dugerdil avec la justice, qu'il a en partie dissimulés à l'ancienne direction. Il a notamment omis de dire qu'il avait été condamné pour avoir frappé un homme avec une fourche. A cela se sont ajoutées les tensions personnelles entre Lionel Dugerdil et Céline Amaudruz, qui ont poussé cette dernière à lui écrire qu'elle ne souhaitait plus le rencontrer sans la présence de tiers, a-t-on appris par Blick. Ce faux départ a marqué les esprits.

Sur le plan idéologique, Lionel Dugerdil dit suivre la même ligne que Céline Amaudruz, c'est-à-dire, selon lui, une UDC qui défend les valeurs nationales, la sécurité et la liberté, en restant moderne et ouverte. 

Légitimité de Lionel Dugerdil remise en question

Le revirement surprise de l'assemblée sur la loi contre les symboles de haine sème toutefois le doute. Lionel Dugerdil avait bien pris position en faveur de cette loi, mais il n'a pas été suivi. Certains membres se demandent s'il est capable d'assurer la continuité suite au changement de présidence. 

Contacté par la RTS, Lionel Dugerdil rappelle qu'il était le seul candidat en décembre dernier. Selon lui et les membres du parti qui le soutiennent, ce genre de bisbilles arrivent à chaque changement de présidence. Ils y voient une nostalgie pour l'ancienne direction, qui finira par passer selon eux. 

Le président du parti agrarien dit ne pas vouloir entrer dans des guerres de clans et se concentrer sur le prochain objectif, les élections municipales de 2025. Ce sera son baptême du feu. Il est attendu au tournant.

Anouk Pernet/asch

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