Le rapport confirme l'essentiel des soupçons. L'enquête révèle un cas de népotisme avéré, selon le mot utilisé par les commissaires. L'ancienne conseillère d'Etat a engagé une amie de longue date à un poste de fonctionnaire, sans même la publication d'une annonce pour ce poste.
Mais les révélations ne s'arrêtent pas là: trois communicants ont réalisé des actions de campagne, alors que ce n'était pas leur mission. Fabienne Fischer a donc bel et bien utilisé des ressources publiques pour sa campagne électorale.
"Dans cette affaire, l’ancienne conseillère d’Etat s'est servie au lieu de servir la population", critique Jennifer Conti, la présidente de la sous-commission de contrôle de gestion, mardi dans le 12h45 de la RTS. Invitée plus tard mardi de l'émission Forum, la députée socialiste précise: "Nos mots étaient forts et étaient à la hauteur de la gravité de ce que nous avons découvert. Quant à savoir s'il s'agit de corruption ou pas, ce sera au procureur de le qualifier".
Enfin, Fabienne Fischer a attribué un mandat de 130'000 francs à un projet de monnaie locale porté par son ancien chef de campagne, qui n'est autre que son compagnon.
Des mails effacés
Les commissaires se plaignent également du manque de collaboration de la magistrate et de ses collaborateurs. Un des commissaires parle même d'omerta. Fabienne Fischer et trois de ses collaborateurs ont refusé d'être auditionnés par la sous-commission d'enquête.
Plusieurs fonctionnaires ont aussi effacé des courriers électroniques lorsque l'enquête a été annoncée. L'ancienne conseillère d'Etat a même effacé des mails deux mois après avoir quitté ses fonctions.
Recommandations du rapport
Les recommandations sont d'ordre général. La commission enjoint notamment l'Etat à sensibiliser les fonctionnaires sur l'utilisation de l'argent public, à faire preuve de plus de transparence et de contrôle en matière de recrutement. Ces commentaires mesurés tranchent avec le ton sévère du rapport. En réalité, les commissaires pointent un problème de personne. Fabienne Fischer n'aurait tout simplement pas respecté les procédures et les systèmes de contrôle qui existent à l'Etat.
Deux dénonciations pénales ont été déposées auprès du Ministère public pour gestion déloyale des intérêts publics. La Cour des comptes enquête aussi sur cette affaire.
Fabienne Fischer conteste fermement les conclusions de ce rapport. L'ancienne magistrate dit avoir accompli sa fonction de conseillère d’Etat dans le strict respect des lois, au plus près de sa conscience, avec la dignité et la probité qu’elle exige.
Sujet radio et TV: Mohamed Musadak et Camille Rivollet
Adaptation web: Julie Liardet