Sherkan Junior s'entraîne dur pour remplacer son père comme mascotte du Genève-Servette HC
Les Sherkan sont des pygargues à tête blanche, une espèce classée dans la dénomination commune d'"aigle". Raison pour laquelle les "Aigles" de Genève l'ont prise pour mascotte, il y a plus de 20 ans.
"C'est probablement l'oiseau le plus connu dans le monde, puisque c'est l'emblème des Etats-Unis depuis maintenant plus de 200 ans", souligne dans Couleurs locales Jacques-Olivier Travers.
Le fauconnier français est le coach des deux rapaces, qu'il prépare à faire le show entre la glace et les gradins pour l'ouverture des matchs des Grenat. Leur envergure les ailes déployées atteint deux mètres, un atout lorsqu'on veut afficher la fierté de tout un club.
Né au Canada en 1999, Sherkan père a écrit l'histoire des talismans d'équipes sportives. "Il a eu l'honneur d'être le premier aigle vivant mascotte dans le monde, en faisant ses premiers matchs en 2002. Il a été suivi par un aigle, qui s'appelle Vitória, au Benfica Lisbonne, puis un à l'Inter Milan et un à l'OGC Nice. Mais ce sont des clubs de foot. En hockey, c'est le seul aigle qui fait des lancements de matchs", souligne Jacques-Olivier Travers.
Un entraînement de sportif d'élite
Sherkan Junior, qui a fêté ses cinq ans en mars, ne doit pas ménager ses efforts s'il veut se montrer digne de son père, qui a commencé sa carrière l'année de la promotion de Genève dans l'élite du hockey suisse. Et son futur métier n'est pas de tout repos.
"Contrairement à l'extérieur, l'air manque dans une patinoire. Et eux, ce sont des planeurs. La descente est très facile, mais repartir de la glace pour remonter dans la tribune leur demande un vrai effort musculaire", explique Jacques-Olivier Travers, qui a fondé le parc des Aigles du Léman à Sciez, en France voisine, où loge la famille de volatiles.
Une bonne partie de l'entraînement consiste donc à réaliser des exercices de musculation. Au programme: du rase-mottes entre deux fauconniers. "On l’oblige quasiment tous les jours à battre des ailes, c’est-à-dire ce que n’aime pas faire un aigle", précisait Jacques-Olivier Travers lors d'une précédente visite de Couleurs locales, en 2018.
Le néophyte fait, lui, face à un défi supplémentaire: commencer son parcours professionnel alors que Genève, champion de Suisse 2023, est au top.
Ce qui signifie une patinoire pleine à craquer et une ambiance survoltée. Son père avait, lui, commencé en Ligue nationale B et a pu s'habituer progressivement à une tension qui est allée crescendo.
Un remplacement progressif
La future mascotte de Servette ne peut donc pas reprendre le flambeau immédiatement. Sherkan père reste la mascotte principale cette saison, le temps que fiston soit prêt.
Pour l'être, Junior prend le relais lors des matchs de moindre importance. En effet, hors de question de risquer qu'il se brûle les ailes en ratant l'ouverture du derby contre le rival lausannois.
Le jeune "aigle pêcheur" — le surnom des pygargues à tête blanche — a officié pour la première fois en février. Cette saison, il s'est fait la main lors de la relocalisation, imposée par les travaux aux Vernets, dans les patinoires de Neuchâtel et de Viège pour les matchs "à domicile" de la Ligue des champions.
Sherkan Senior prendra une retraite bien méritée une fois que son fils sera jugé digne de le remplacer. L'aigle bientôt trentenaire pourrait encore avoir de belles années devant lui, car les pygargues à tête blanche peuvent atteindre 40 ans en captivité. Son protecteur souhaite qu'il vive plusieurs années à un rythme plus calme que sous les projecteurs.
"Cela lui manquera peut-être, car il aime vraiment travailler", prédisait Jacques-Olivier Travers en 2018. "On est obligé de pousser un peu certains oiseaux. Lui, c'est plutôt l'inverse: il faut que je le freine", disait-il.
Sujet TV: Anne-Cathia Marchon
Texte web: Antoine Michel