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Trois policiers genevois sont poursuivis après le viol présumé d’une prostituée par un agent

Trois policiers genevois sont poursuivis après le viol présumé d’une prostituée par un agent, revèle la RTS. [RTS]
A Genève, trois policiers sont soupçonnés d’avoir commis une infraction pénale dans une affaire de viol présumé d’une prostituée en 2018 / 19h30 / 2 min. / mercredi à 19:30
Le policier qui est soupçonné d'avoir violé et séquestré une travailleuse du sexe à Genève en 2018 est mis en prévention par le procureur général genevois, révèle mercredi la RTS. Deux autres policiers, aujourd'hui à la retraite, sont également inquiétés par la justice. Une audience de confrontation aura lieu le mois prochain

C’est un nouveau rebondissement dans l'affaire du viol présumé d'une prostituée par un policier, à Genève en 2018. Le Pôle enquête de la RTS a appris que trois agents de police sont désormais soupçonnés par la justice d'avoir commis une infraction pénale dans ce dossier. Ils devront s’expliquer le mois prochain devant le procureur général, Olivier Jornot.

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Longues investigations

Ce nouvel épisode fait suite à plusieurs mois d'enquête préliminaire de la police des polices (IGS). Le 4 septembre 2023, celle-ci est chargée par le Parquet d'investiguer "tant sur l'agression à caractère sexuel évoquée par l'intéressée que sur la manière dont les faits ont été à l'époque appréhendés par la police".

Une décision directement liée aux révélations de la RTS. En août 2023, le média de service public divulgue l’existence d'une affaire de mœurs impliquant plusieurs agents de police genevois. Une prostituée, du nom d’emprunt de Roxane, dit avoir été violée et séquestrée, début avril 2018 à Champel (GE), dans la voiture d'un client violent. Or, ce dernier n'est autre qu'un policier en congé.

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Graves accusations

Aucune plainte n'est déposée ce soir-là, malgré l'intervention des secours. Roxane affirme avoir été soudoyée pour se taire lors d'un face-à-face nocturne avec son agresseur présumé, en présence d'un commissaire et d'un agent de la police des polices. La main courante de la police, sensée relater fidèlement les événements, est rédigée de manière incomplète. Il n'est fait mention ni de l'implication d'un fonctionnaire de police, ni de la confrontation nocturne.

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Ces éléments conduisent le procureur général genevois à ouvrir une procédure pénale. Quelques jours plus tard, Roxane décide de porter plainte par l'entremise de ses avocats genevois, Me Olivier Peter et Me Milena Peeva.

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Mandats de comparution

Pendant des mois, l'IGS cherche à faire la lumière sur ces faits. Elle procède notamment à de multiples auditions, selon les renseignements de la RTS. Plusieurs avocats sont mandatés.

Résultat de ces investigations: une instruction est ouverte et plusieurs mandats de comparution sont envoyés l'été dernier dans la perspective d'une audience de confrontation, programmée début novembre. Celle-ci est prévue sur trois jours.

Trois policiers

Trois policiers y seront entendus comme prévenus. Il y a l'agent en congé accusé de viol aggravé et de séquestration par Roxane. Mais aussi le commissaire, un officier supérieur qui était de permanence cette nuit-là. Et l'agent de la police des polices, appelé le soir des faits vu l'implication supposée d'un collègue. Les deux derniers sont aujourd’hui retraités. Tous sont désormais soupçonnés d'avoir commis une infraction pénale, il y a six ans.

Laquelle? Contacté par la RTS, le Ministère public genevois se refuse à tout commentaire. Idem pour la police genevoise. Les avocats des parties, eux, n'ont toujours pas accès au dossier. Raison pour laquelle ils ne souhaitent pas s'exprimer davantage.

"Mon client est innocent"

Seul l'avocat de l’agent de la police des polices a accepté de parler à la RTS. Il réfute tout manquement de son client. "Il est complètement innocent, il n'a rien fait de mal. Il a travaillé de manière proportionnelle et professionnelle", assure Me Robert Assaël.

"Mon client a reçu un téléphone du commissaire qui lui a parlé d'un différend entre un policier et une travailleuse du sexe. Il s'est rendu au Vieil Hôtel de police et là, il a été en présence de cette dame et du policier qui l'avait appelé. Aucun élément de contrainte ou de viol n'est ressorti. Elle ne voulait pas déposer plainte pénale. Dès lors, pour lui, il n'y avait aucun indice d'une infraction pénale. Il a réagi de manière conforme."

Raphaël Leroy, Pôle enquête RTS

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