Alliées avec des entités privées et soutenues par le Canton, les communes concernées ont déposé lundi une demande de concession auprès de l'Office fédéral des transports. Objectif: inciter un maximum de gens à laisser leur voiture à la maison.
Baptisée la "voie bleue" en référence à la voie verte – un itinéraire dédié à la mobilité douce de plus de 20 kilomètres qui traverse le canton d'est en ouest – , cette traversée lacustre reliera Bellevue, sur la Rive droite, à Corsier, sur la Rive gauche. L'idée est de permettre aux pendulaires de mettre leur vélo ou leur trottinette sur un bateau de la CGN au lieu de faire le tour de la rade par le pont du Mont-Blanc pour se rendre sur la rive d'en face.
>> Lire aussi : Genève en passe de se doter d'une nouvelle traversée de la rade piétonne
Trois fois plus rapide
Dix aller-retours quotidiens sont prévus aux heures de pointe, avec un bateau spécialement aménagé pour accueillir 120 personnes et 40 vélos. A la clé, un précieux gain de temps pour les pendulaires: la traversée prendra environ un quart d'heure, soit trois fois moins que les quelque 45 minutes qu'il faut à un cycliste roulant à 20 km/h pour relier Bellevue à Corsier par le centre-ville via le pont du Mont-Blanc. Tarif envisagé: 4 francs pour les habitants et employés des communes partenaires et 9 francs au plein tarif.
Estimée à 1,25 million de francs par an, cette nouvelle traversée lacustre devrait fonctionner dès le 11 avril 2025, pour une phase test de 3 ans. Si le concept fonctionne, les communes souhaitent ensuite que le canton reprenne la main.
"Plus aucune place" pour davantage de voitures
A Bellevue comme à Corsier, les attentes sont vives. "Aujourd'hui, je vais tous les jours en vélo jusqu'à la gare Cornavin, et ensuite je prends le train pour aller à Nyon", a confié lundi au 12h45 de la RTS un habitant de Corsier, ravi de cette future liaison.
Avoir une traversée lacustre est quelque chose qui nous semble tout à fait indispensable
"Bellevue est saturée du matin au soir. Avoir une traversée lacustre est quelque chose qui nous semble tout à fait indispensable", a pour sa part réagi le maire de Bellevue Bernard Taschini. "Il faut développer la mobilité douce. On n'a aucune place, ici, pour accueillir des voitures", tranche-t-il.
Un bouclement des transports publics autour du lac
Pour le président du conseil d’administration de la CGN Benoit Gaillard, cette future voie bleue permettra de réaliser "une sorte du bouclement du réseau des transports publics autour du lac". Car si le Léman Express relie déjà Bellevue, sur la Rive droite, au quartier des Eaux-Vives, sur la Rive gauche, il marque une large boucle par Lancy et Champel sans traverser directement le lac. Et il ne dessert pas les communes lacustres de la Rive gauche genevoise.
On essaye de réaliser une sorte du bouclement des transports publics autour du lac
"Ici à Bellevue, nous sommes également proches d’un futur grand employeur, la banque Lombard Odier, qui est l'un des partenaires du projet et qui aimerait que les gens se déplacent de manière aussi peu polluante que possible", poursuit Benoît Gaillard. "Et du côté de Corsier, nous avons un embarcadère proche d’une ligne de transports publics qui a une bonne fréquence aux heures de ponte [la ligne E des TPG, ndlr], donc avec une connexion optimale."
Forte opposition à Corsier
L’association "Sauvons la baie de Corsier", composée de riverains, s’oppose au projet de cette nouvelle navette lacustre. Selon la Tribune de Genève, ils déplorent le choix d’un bateau trop polluant pour assurer la navette ainsi que la présence d’un site archéologique inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco.
La préservation de ce site palafittique serait, selon eux, incompatible avec le choix du débarcadère de Corsier comme port d’arrivée et de départ de la navette.
Contacté, Romain Jordan, l’avocat de plusieurs riverains, de l’association "Sauvons la baie de Corsier" et d'une société concurrente déclare à la RTS que "ce projet est bancal et mal ficelé depuis le début". Il confirme que plusieurs requêtes visant à constater l’illégalité du projet de la Voie Bleue sont en cours. Selon lui, les acteurs publics concernés devront prendre position tout prochainement.
Sujet radio: Tania Sazpinar
Sujet TV: Camille Rivollet
Adaptation web: Vincent Cherpillod