Un système de points pour limiter les décollages nocturnes va entrer en vigueur à l'aéroport de Genève
Concrètement, chaque compagnie aérienne aura un quota de points à sa disposition et tout décollage tardif coûtera un certain nombre de points selon l'ancienneté de l’avion.
"Cela veut dire, par exemple, qu'un Airbus 320 classique de modèle ancien vaut un point, alors qu'un avion Airbus A320 NEO avec la dernière motorisation vaut un huitième de point", illustre Giovanni Russo, directeur des opérations, mardi au micro de La Matinale. Autrement dit, une compagnie pourra réaliser huit décollages tardifs avec un avion de dernière génération pour le même nombre de points qu’avec un avion plus ancien.
C'est seulement une fois l'ensemble des points utilisés - 500 selon les informations de la RTS - que des amendes seront infligées. Elles iront de 5000 à 40'000 francs par décollage en retard.
Avec ce système de points, l'aéroport souhaite inciter les compagnies à revoir leurs horaires. Certaines l'ont déjà fait, puisqu’entre le 1er janvier et le 31 octobre, il y a eu 1017 décollages après 22h, alors qu'en 2023, à la même période, il y en a eu plus de 1600.
Une marge de tolérance
Une marge de tolérance sera appliquée avant que les premières amendes ne soient effectives. Mais passé le quota de retards autorisés, les amendes iront crescendo, avec comme objectif de dissuader.
Avec ces montants la mesure devrait être efficace, selon Michel Polacco, expert en aéronautique: "Il est bien évident qu'un Airbus de Easyjet ne génère pas 40'000 francs de bénéfices, et de loin. Donc une amende de 5000 francs est une amende qui probablement va bouffer son bénéfice. Une amende de 10'000 francs va obliger la compagnie à taper dans la caisse. Et une amende de 40'000 est extrêmement pénalisante."
Selon lui, ces amendes seront significatives pour la plupart des compagnies. "Quant aux compagnies régulières, bien qu'elles disposent de marges plus importantes, leurs taux de remplissage sont plus faibles, ce qui les rend également particulièrement vulnérables à de telles amendes", poursuit-il.
Les riverains peu convaincus
Du côté des associations de riverains, on déplore cette marge de tolérance jugée trop large. Elles auraient aussi préféré que les atterrissages de nuit soient sanctionnés, sachant qu'ils sont encore plus nombreux que les décollages, note le président de l'Association transfrontalière des communes riveraines de l'aéroport de Genève Mathias Buschbeck.
"Il y a dix fois plus d'atterrissages de nuit que de décollages. On tape un peu à côté de la cible. On aurait dû prendre la même mesure pour les atterrissages et là cela aurait pu être intéressant et dissuasif pour faire en sorte que les avions atterrissent et décollent à l'heure. Ce qui est bien pour les passagers, mais aussi pour les riverains."
Tania Sazpinar/fgn