Une importante fuite d'essence des citernes de Vernier remet en question leur impact sur la ville
C'est lors d'une demande en transparence en collaboration avec Le Temps que la RTS a découvert cet accident, jusqu'alors caché à la population. L'exploitant des citernes, Petrostock, a prévenu le Service de l'environnement trois jours après cette fuite de plusieurs centaines de litres d'essence.
Des investigations sont alors menées pour déterminer les risques. Mais pour Petrostock, interrogé mardi par le 19h30 de la RTS, "cet incident ne présentait pas de danger particulier ni pour notre personnel ni pour la population. Il n'y a pas eu de blessés, ni de fuite de produit en dehors du site".
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Le démantèlement des citernes demandé
Ana Roch, députée au Grand Conseil genevois, a déposé plusieurs textes pour demander le démantèlement de toutes les citernes à Vernier. A ses yeux, "il n'y a pas de petit incident. Si ce qu'il y a dans ces citernes doit se déverser, exploser ou prendre feu, les conséquences vont au-delà du site des citernes. C'est pour cette raison qu'on doit absolument être au courant de ce qui s'y passe".
Construites dans les années 1960, les citernes ont été créées pour respecter la loi fédérale qui exige de stocker du pétrole afin d'éviter les pénuries. "Elles ont poussé au milieu des champs à vaches. Mais aujourd'hui, l'urbanisation s'est développée. On le voit notamment avec le quartier de l'Etang ou Ikea. On a cette verrue au milieu d'un site urbain. Je pense qu'elles n'ont plus lieu d'être. En tout cas pas à cet endroit et pas de cette manière-là", estime Ana Roch.
Avec le temps, Vernier est devenue la cinquième ville de Suisse romande, avec plus de 37’000 habitantes et habitants. Pour faire face à la croissance de sa population, de nouveaux quartiers ont vu le jour, comme celui de l'Etang, situé juste en face des citernes.
"Je ne sais pas si on pourra ne plus avoir de citernes du tout, mais je pense qu'on ne peut plus les avoir aussi proches des habitations. Nous attendons de l'Etat qu'il tienne ses engagements de démanteler ces citernes à partir de 2032 et la Ville de Genève à partir de 2040", réclame dans le 19h30 Mathias Buschbeck, conseiller administratif et ancien maire de Vernier.
Le principal site de stockage en Suisse
Mais comme le précise le conseiller d'Etat Antonio Hodgers, en charge du Département du Territoire, la concession court jusqu'en 2062, et c'est aux exploitants de décider s'ils veulent arrêter plus vite.
Est-ce que c'est vraiment à un canton urbain aussi dense que Genève de stocker 90% des besoins de la Suisse romande, alors que d'autres cantons sont quand même beaucoup plus vastes que le nôtre?
Comme plusieurs cantons ont démantelé leurs citernes ces dernières décennies, Vernier est aujourd'hui le principal site de stockage en Suisse romande. "Est-ce que c'est vraiment à un canton urbain aussi dense que Genève de stocker 90% des besoins de la Suisse romande, alors que d'autres cantons sont quand même beaucoup plus vastes que le nôtre", s'interroge le conseiller d'Etat Antonio Hodgers, qui estime que "la solidarité intercantonale atteint parfois sa limite".
Après l'accident, le canton devra déterminer si le site va devoir être dépollué. "C'est rare qu'il n'y ait rien dessous lorsqu'on démantèle des installations industrielles du siècle passé. Il y a un risque important", regrette Mathias Buschbeck.
Contacté, le propriétaire des citernes de Petrostock, SASMA, n’a pas précisé ses intentions quant au futur de ses 31 citernes. Avec le renouvellement de la concession de l’Etat, Vernier va cohabiter avec ses citernes, en théorie, encore près de 40 ans.
Sujet TV: Camille Lanci
Adaptation web: vkiss