Tout débute en janvier, au moment où la campagne "Apartheid Free Zone" refait surface à Genève. Elle existe depuis plusieurs années. Mais à la suite de l'attaque du Hamas du 7 octobre dernier et du début de l'offensive israélienne à Gaza, elle se remobilise.
Plusieurs lieux culturels, restaurants ou associations - à Genève ou ailleurs - refusent de recevoir des artistes, des films ou autres qu'ils considèrent comme étant liés au gouvernement israélien.
Réunis en conférence de presse mardi matin, ils ont précisé entendre par là qui "sont soutenus financièrement" par le gouvernement de Benjamin Netanyahu ou ayant une fonction d'ambassadeur de l'exécutif israélien.
La pratique fait réagir
La nouvelle de cette mobilisation arrive aux oreilles de Johanne Gurfinkiel, le secrétaire général de la Coordination intercommunautaire contre l'antisémitisme et la diffamation, plus connue sous le nom de CICAD.
Fin janvier, il dénonce publiquement sur la chaîne de télévision Léman Bleu sa crainte de voir des lieux devenir "Judenrein".
Ce terme est fortement connoté: il a été utilisé sous le Troisième Reich pour signifier qu'un lieu était libre de tout Juif.
Une déclaration dénoncée
Les signataires de la campagne "Apartheid Free Zone" estiment qu'il s'agit d'un amalgame inacceptable.
Ils annoncent mardi avoir porté plainte contre le secrétaire général de la CICAD. Ils dénoncent le fait d'être associés au régime nazi, alors qu'ils affirment se battre contre toutes les formes de discrimination. C'est-à-dire contre l'antisémitisme également. Selon eux, la déclaration Johanne Gurfinkiel relève de la calomnie.
Pas d'intention de se rétracter
Le secrétaire général de la CICAD répond ne pas avoir pris connaissance de cette plainte. Il déclare donc ne pas pouvoir y réagir pour le moment.
Interrogé sur l'utilisation du terme "Judenrein", il confirme que ni lui, ni la CICAD n'ont l'intention de se rétracter. Il faudra donc attendre des nouvelles du Ministère public genevois pour savoir s'il décide de donner une suite à cette plainte ou de la classer.
Tania Sazpinar/ami
Des répercussions au niveau politique
Cette affaire a aussi résonné au niveau politique. La Ville de Genève a récemment été interpellée dans la presse par l'ambassadrice de l'Etat d'Israël en Suisse Ifat Reshef .
Dans une lettre ouverte, elle affirme ne plus se sentir bienvenue au bout du lac à cause de la campagne "Apartheid Free Zone".
Le Conseil administratif lui a répondu la semaine dernière, également par lettre ouverte. Il assure que Genève a toujours réagi fortement aux actes d'antisémitisme et que tout le monde est bienvenu sur son territoire. L'exécutif municipal ajoute qu'il n'approuve pas que "la moindre critique à l'égard de l'action de l'Etat israélien, dans le cadre d'un débat démocratique, soit qualifié d'antisémite".
Le canton souhaite de son côté en savoir plus sur la démarche et s’assurer que le cadre légal imposé aux entités subventionnées est respecté. Les représentant de la campagne AFZ ("Apartheid Free Zone", ndlr) vont rencontrer la conseillère d'Etat Nathalie Fontanet le mois prochain.