La Ville de Genève veut une cérémonie pour les nombreux corps non réclamés aux HUG

A Genève les HUG font face à de nombreux corps non réclamés. Environ 50 défunts par année
A Genève les HUG font face à de nombreux corps non réclamés. Environ 50 défunts par année / 19h30 / 3 min. / hier à 19:30
Chaque année, aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), une cinquantaine de corps ne sont pas réclamés par des proches pour organiser des funérailles. En légère augmentation, le phénomène concerne surtout des personnes âgées en situation d’isolement social. La Ville de Genève veut mettre en place une cérémonie collective.

Lorsqu’une personne décède à l’hôpital et qu’aucune famille ou proche ne se manifeste, la dépouille est conservée 10 jours à la morgue. Passé ce délai, les défunts entrent dans la catégorie des corps non réclamés.

Selon les HUG, plusieurs facteurs expliquent ces situations: une solitude extrême, un manque d’anticipation des obsèques ou des conflits familiaux. Dans la grande majorité des cas, on parle de seniors en situation d’isolement. "Sur les deux dernières années, plus des deux tiers des personnes concernées ont 70 ans et plus", indique Elodie Namer, responsable médico-administrative au Service de pathologie clinique, dans le 19h30.

Le nombre de cas a légèrement augmenté ces dernières années. "Pour l’expliquer, il faut aussi prendre en compte la mobilité géographique importante et la dispersion des familles. Par ailleurs, des difficultés et contraintes financières peuvent dissuader les familles de prendre en charge des obsèques", poursuit Elodie Namer.

"L’ultime soin que l’on peut apporter au défunt"

Après le délai de 10 jours, les HUG lancent des investigations pour tenter de retrouver une famille ou des proches. L’enquête se base notamment sur la base de données Calvin, alimentée par l’Office cantonal de la population. Elle permet de retrouver des liens de filiations. En dernier recours, une annonce de recherche de famille est aussi publiée dans la presse et la Feuille d’avis officielle du canton.

Toutes ces démarches sont menées par Christine Lansard. Elle veille à ce que chaque personne décédée soit traitée avec dignité. "On reste en milieu hospitalier et c'est l'ultime soin que l’on peut apporter au défunt", explique-t-elle.

Cérémonie collective

Malheureusement, dans la majorité des cas, les recherches n’aboutissent pas. Selon la loi sur les cimetières, l’incinération ou l’inhumation — si le défunt en a fait la demande — est prise en charge par la commune de résidence. En cas d’incinération, la Ville de Genève conserve les cendres durant un an, avant de les disperser au jardin du souvenir.

Aucune cérémonie ni recueillement ne sont organisés: la dispersion se passe dans l’anonymat le plus total. Mais cela pourrait changer dès cette année. La Ville de Genève souhaite mettre en place une cérémonie collective pour toutes ces personnes décédées dans l’oubli. "Pouvoir rendre cet hommage au niveau citoyen, au niveau collectif, est important parce que c'est de cette manière que nous pouvons faire société dignement", assure la maire de Genève Christina Kitsos.

Guillaume Martinez

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