Résumé de l’article

  • Le Pain Quotidien n'accepte plus les paiements en espèces dans ses établissements depuis décembre 2023.
  • Cette décision viserait à réduire les risques d'arnaques et de braquages, ainsi que les manipulations d'argent par le personnel.
  • La mesure est légale mais va à l'encontre des préférences des consommateurs suisses, selon une étude récente.
  • La chaîne de boulangerie-restauration "Le Pain Quotidien" n'accepte plus l'argent liquide

    La chaîne de boulangerie-restauration le "Pain Quotidien" n'accepte plus l'argent liquide (image d'illustration). [keystone - Gaetan bally]
    La chaîne de boulangerie Le Pain Quotidien n'accepte plus les paiements en cash / La Matinale / 1 min. / hier à 06:21
    Payer son brunch ou son croissant en espèces au "Pain Quotidien", c'est du passé. La chaîne de boulangerie-restauration a décidé en décembre 2024 de ne plus accepter les paiements en liquide dans sa dizaine d'établissements en Suisse, principalement situés à Genève. Une mesure qui suscite des interrogations dans le canton.

    Finis les pièces et billets sur le comptoir. Désormais, seules les cartes de paiement sont acceptées chez "Le Pain Quotidien". Une décision qui divise la clientèle et interpelle les professionnels du secteur de la restauration. Pour Flore Teysseire, représentante des commerces genevois, cette décision va même à contre-courant de ce qui est observé et défendu dans le milieu.

    "Ces paiements par carte sont plutôt défavorables, parce qu'une partie est prélevée par des intermédiaires, ce dont ne se rend pas forcément compte le public. Et cette partie justement a plutôt tendance à augmenter. C'est mieux d'avoir un public qui se rend compte exactement de ce qu'il paye et de ce que les commerçants sont payés, plutôt que des frais obscurs pour tout le monde qui sont prélevés sur ces transactions", estime-t-elle mardi dans La Matinale.

    Liberté économique des commerçants

    Contacté, "Le Pain Quotidien" n'a pas souhaité répondre aux questions. Mais d'après des informations de la RTS, l'entreprise souhaiterait notamment éviter à son personnel de faire la caisse au moment de la fermeture, réduire le risque d'arnaques et le risque sanitaire lors de la manipulation de monnaie. Le braquage de l'un de ses établissements aurait également fait pencher la balance.

    Le Département cantonal de l'économie confirme de son côté que ce refus d'accepter les paiements en espèces est conforme à la législation, grâce à la liberté économique des commerçants. Mais cette mesure contraste avec les attentes des consommateurs suisses. Une étude récente de l'Université de St-Gall, publiée vendredi dernier, montre par exemple que près de 90 % des Suisses s'opposent à la suppression de l'argent liquide dans le pays.

    Une pratique qui nuit aux clients précaires

    Selon Sven Reinecke, directeur exécutif de l’Institut de marketing et professeur associé à l’Université de Saint-Gall, cette pratique est compréhensible dans des magasins de luxe, mais étonnante dans une boulangerie ou un simple supermarché.

    Selon lui, "cela conduit naturellement à exclure certaines personnes de la consommation. En l'occurrence, ce sont plutôt les personnes pauvres, qui n'ont peut-être pas de carte de crédit, et les personnes âgées". Il estime également que certaines personnes veulent conserver le paiement en argent liquide pour mieux contrôler leur comportement d’achat.

    Charlotte Frossard

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