L'accord conclu entre l'Etat de Genève et la société Ernst & Young dans le cadre de l'affaire BCGE a tenu la vedette, lundi, au premier jour du procès en appel des responsables présumés de la débâcle de la banque. La défense exige d'en connaître les détails.
L'Etat de Genève a obtenu d'Ernst & Young 110 millions de francs en échange de l'abandon des poursuites à l'encontre de ses deux ex-réviseurs ont été abandonnées. Dans les faits, cet accord financier modifie la donne. Aujourd'hui, seuls l'ex-directeur de la banque Marc Fues, son adjoint René Curti et l'ex-président Dominique Ducret, doivent répondre de gestion déloyale et faux dans les titres.
Différence de traitement relevée
Christian Lüscher, l'avocat de Marc Fues, n'a pas manqué de souligner la différence de traitement dont font l'objet les prévenus de la part de la justice. "Le retrait des poursuites à l'encontre des anciens réviseurs équivaut au retrait des poursuites pour tout le monde", a-t-il relevé.
Robert Assaël et Jean-François Marti, les avocats de Dominique Ducret, ont pour leur part dénoncé cet arrangement négocié "en catimini" entre les deux parties plaignantes que sont l'Etat de Genève et la Banque cantonale de Genève (BCGE) d'un côté et la société de révision Ernst & Young de l'autre. " Je suis outré et j'ai honte de l'attitude de l'Etat qui se permet de décider ce qui peut être soumis au pouvoir judiciaire", a déclaré Jean-François Marti.
Pour Christian Reiser, l'avocat de René Curti, la transaction qui a permis de régler le litige avec Ernst & Young "prouve que toute cette affaire est purement civile et n'a plus rien affaire au pénal".
Clause de confidentialité invoquée
Avant de poursuivre plus loin les débats, la défense a donc demandé à la Chambre pénale d'appel de pouvoir connaître les détails de l'arrangement. Une requête qui embarrasse l'avocat de l'Etat de Genève Eric Alves de Souza, qui a mis en avant la clause de confidentialité qui lie les parties signataires de l'accord. La cour tranchera l'incident lundi après-midi.
ats/olhor