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Avec son "Projet Maghreb", Genève mise sur 30 retours volontaires par an

La conseillère d'Etat genevoise Isabel Rochat. [Laurent Gillieron / Keystone]
La conseillère d'Etat genevoise Isabel Rochat est à l'origine du "Projet Maghreb", qui a suscité l'intérêt d'autres cantons. - [Laurent Gillieron / Keystone]
Le canton de Genève, qui a mis en place depuis plusieurs mois un projet de départs volontaires de délinquants originaires des pays du Maghreb, compte sur une trentaine de départs par an de multirécidivistes.

A Genève, le "projet Maghreb" vise une trentaine de départs volontaires par an de délinquants multirécidivistes dans leur pays d'origine. Parmi les 95 ressortissants maghrébins qui s'y sont intéressés depuis son lancement en août 2011, dix en ont profité.

Ce programme pilote en Suisse prévoit le financement à hauteur maximale de 4000 francs d'un projet professionnel au Maghreb avec en contre-partie un retour volontaire. Il vise des délinquants multirécidivistes qui ont purgé leur peine. (Lire: Plan genevois pour l'aide au retour des délinquants maghrébins)

L'objectif est de les faire quitter le territoire genevois en leur offrant un retour au pays la tête haute. "Il n'y a pas d'angélisme: le but est qu'ils partent pour répondre à un problème sécuritaire", explique Laurent Paoliello, porte-parole du Département de la sécurité et de la police (DSPE).

Faute d'accord de réadmission - sauf avec la Tunisie - ou de papiers d'identité, les ressortissants maghrébins ne peuvent pas être expulsés.

Empreintes digitales

Les candidats à ce type de retour volontaire, principalement des hommes de 20 à 30 ans, doivent préparer et soumettre un projet professionnel crédible. Ils doivent aussi décliner leur identité, empreintes digitales à l'appui. Un acte pas anodin, car il rend tout retour clandestin en Europe quasiment impossible.

Cette formule de la carotte et du bâton a fait mouche auprès de dix personnes. Leurs projets professionnels touchent divers domaines: mécanique, taxi, boulangerie ou encore buanderie, relève Nadine Mudry, secrétaire adjointe en charge du domaine des migrations au DSPE.

Cette spécialiste des questions migratoires détaille la procédure: les candidats au départ reçoivent 1000 francs à l'aéroport lors de l'embarquement. Une fois chez eux, ils ont trois mois pour contacter l'association qui les aidera dans leur projet professionnel. Cet organisme recevra alors la somme maximale de 3000 francs pour ce soutien.

ats/mre

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Bilan fin 2013

Le bilan de cette expérience sera tiré fin 2013. Pour l'heure, le bouche à oreille commence à fonctionner, notamment à travers les associations en contact avec ces multirécidivistes à Genève, explique nadine Mudry.

Au total, 95 personnes ont demandé des informations sur le projet, et 52 ont entamé des démarches concrètes. Si 10 personnes ont effectivement quitté Genève par ce biais, le DSPE mise à terme sur une trentaine de départs par an. Un chiffre significatif, car la police recense environ 300 à 350 multirécidivistes qui empoisonnent la vie des Genevois.

A noter encore que l'aide au retour existe déjà, mais uniquement pour les personnes qui n'ont pas commis de délit. Ce projet initié par la conseillère d'Etat Isabel Rochat a suscité l'intérêt d'autres cantons, dont Neuchâtel.

Côté financement, le DSPE a prévu de puiser dans un fonds alimenté par l'argent des saisies de drogue, comme le prévoit la loi. Par ailleurs, une plate-forme de coordination intercantonale va être mise sur pied d'ici juin pour appréhender de manière plus globale ces problèmes liés aux délinquants non-expulsables.