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Mouvement syndical devant le siège de Merck Serono à Genève

Le syndicat Unia a distribué des tracts aux employés qui entraient ou sortaient du bâtiment. [KEYSTONE - Martial Trezzini]
Le syndicat Unia a distribué des tracts aux employés qui entraient ou sortaient du bâtiment. - [KEYSTONE - Martial Trezzini]
Le syndicat Unia a organisé mercredi un piquet devant le siège de Merck Serono à Genève pour soutenir les 1250 employés transférés ou licenciés. Au sein de l'administration cantonale, une cellule de crise a été créée.

Une délégation du syndicat Unia a distribué mercredi des tracts aux employés qui entraient ou sortaient du siège de Merck Serono à Genève, pour les inviter à une assemblée vendredi en début de soirée. Mardi, les 1250 employés avaient été licenciés ou transférés. "Nous avons demandé de participer à la procédure de consultation, mais la direction de Merck Serono a refusé", a expliqué Alessandro Pelizzari, secrétaire général d'Unia. La procédure de consultation a été ouverte mercredi et doit durer 21 jours.

Le personnel n'est pas syndiqué et Unia ou tout autre syndicat genevois n'est pas mandaté à ce stade par les employés, a précisé Unia. "Il s'agit d'un personnel très qualifié, très international, très mobile, composé de 52 nationalités", a déclaré le secrétaire régional d'Unia. Il évalue à un tiers le personnel administratif. "Il n'a y a pas d'ouvriers, pas de personnel de production, et surtout des chercheurs en laboratoire", a-t-il indiqué.

Vive réaction d'Actares

L'Actionnariat pour une économie durable (Actares) s'est dit scandalisé par la fermeture du site genevois de Merck Serono. Dans un communiqué publié mercredi, l'association pointe du doigt "le mépris invraisemblable de Merck vis-à-vis du personnel".

Selon Actares, Merck avait promis aux actionnaires "socialement responsables" de maintenir le site de Genève, emportant ainsi leur adhésion. Cette promesse n'a pas été tenue. "Aujourd'hui, Merck supprime d'un trait de plume le site de Genève, agissant avec une brutalité et une précipitation qui paraissent suspectes".

Cellule de crise au canton

L'administration genevoise est sur la brèche après la décision du groupe allemand Merck de fermer sa division Merck Serono de Genève. Une cellule de crise a été mise sur pied par le canton pour s'occuper d'elles. La situation à laquelle doit faire face le canton de Genève est compliquée, a avoué mercredi le conseiller d'Etat François Longchamp, chargé du département de la solidarité et de l'emploi (DSE). Jamais encore un si grand nombre d'employés n'avaient été licenciés d'un coup et leur profil est atypique et très pointu.

Pour renseigner les employés sur leurs droits, notamment en matière de chômage, le DSE planifie d'organiser une cinquantaine de séances d'information sur place, a ajouté M.Longchamp. Les services du conseiller d'Etat vont ensuite faire le maximum pour "anticiper la vague qui va arriver", sans négliger les autres chômeurs.

Le président du gouvernement genevois Pierre-François Unger, de son côté, va s'entretenir avec la direction générale de Merck, à Darmstadt (D), où se trouve le siège du géant pharmaceutique allemand. Les autorités genevoises vont également avoir des discussions avec les syndicats.

Le canton de Genève a d'ores et déjà annoncé qu'il ne proposera aucune mesure fiscale pour amadouer Merck. La situation n'est en rien comparable à Prangins (VD), où se trouve une usine de production Novartis qui a failli être fermée, a rappelé M.Unger. A Genève, Merck Serono abrite un quartier général et des chercheurs.

ats/pbug

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Ernesto Bertarelli est "triste et surpris"

Ernesto Bertarelli, ancien patron et actionnaire majoritaire de Serono, se dit triste et très surpris par l'annonce de la fermeture de Merck Serono à Genève. La décision montre, selon lui, que "nous ne sommes pas à l'abri d'un environnement économique mondial difficile".

"C'est malheureux", relève mercredi Ernesto Bertarelli dans une interview accordée au "Temps" (lire la revue de presse complète) la veille, en marge d'une manifestation à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. "Je suis attristé pour toutes les personnes concernées en Suisse, notamment à Genève, où s'est écrite une bonne partie de l'histoire de Serono".

 "Malheureusement, je ne peux que prendre acte de cette décision; depuis la vente de Serono en 2006, je n'occupe plus aucune responsabilité dans cette société". Au-delà, l'entrepreneur genevois, ancien vainqueur de la Coupe de l'America de voile, se dit "très surpris" de la logique d'un "point de vue purement économique".

Ernesto Bertarelli relève que les produits Serono ont bien marché, évoquant le Rebif, son médicament phare contre la sclérose en plaques, dont le chiffre d'affaires a presque doublé à près de 2 milliards de dollars ces cinq dernières années. Reste qu'à ses yeux le contexte économique mondial de concurrence a lourdement pesé.