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Le capital humain de Merck Serono au centre de tractations

L'avenir des employés de Serono est au centre de tractations entre divers acteurs. [MARTIAL TREZZINI]
Tout le week-end, l'avenir des employés de Serono aura été au centre de tractations entre divers acteurs. - [MARTIAL TREZZINI]
Après la fermeture de Merck Serono à Genève, différents acteurs s'activent pour tenter de sauver des emplois, voire créer de nouvelles entreprises. La multinationale pharmaceutique a de son côté assuré que les sites vaudois ne sont pas en sursis.

Malgré une sous-utilisation, les emplois du site de production de Corsier-sur-Vevey (VD) de Merck Serono ne sont pas en sursis, selon François Naef. Interviewé par Le Matin Dimanche pour savoir si les emplois de Corsier-sur-Vevey (VD) et d'Aubonne (VD) où travaillent quelque 800 personnes sont en sursis, le président du conseil d'administration de Merck Serono a répondu par la négative. "C'est là que Merck concentre son expertise en matière de production biotechnologique et qu'il compte la préserver".

François Naef a toutefois reconnu que pour l'heure, l'usine de Corsier est en sous-capacité. "Car un des médicaments sur lesquels nous comptions vraiment pour son efficacité contre le cancer du poumon, l'Erbitux, n'a pas reçu l'homologation des autorités pour cette indication". Le groupe a amorti 165 millions d'euros (198 millions de francs) en 2011 pour cause de sous-utilisation de ces sites.

"Eviter la fermeture" de Genève

Dans un communiqué diffusé samedi, Merck Serono a pris acte du mandat donné vendredi "par une partie de ses employés au syndicat Unia pour les représenter dans la consultation". Le groupe souligne sa volonté de poursuivre un "dialogue constructif et ouvert avec ses employés et d'y associer leurs représentants".

Au 19:30 de samedi, Alessandro Pelizzari, secrétaire général d'Unia Genève, a ajouté que la "priorité est d'éviter la fermeture" du site de Genève. Selon lui, de nombreux employés ont des postes de pointe et connaissent très bien le marché. Des projets alternatifs pourraient voir le jour. Bernard Favre, secrétaire général adjoint du Département genevois de la solidarité et de l'emploi (DES) a ajouté que le Service de l'emploi du canton a déjà reçu plusieurs demandes d'entreprises intéressées pour reprendre des employés.

Par ailleurs, du côté des autorités, Bernard Favre, secrétaire adjoint au département de la solidarité et de l'emploi, a annoncé à la RTS que son service était en contact avec des entreprises prêtes à recruter. "Rarement pour des demandes à grande échelle", a-t-il toutefois précisé. Des groupes qui vont s'installer prochainement en Suisse romande pourraient avoir des demandes plus importantes, a-t-il précisé.

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Rappel des faits

La fermeture du siège genevois, annoncée mardi, de Merck Serono concerne 1250 employés: 750 postes seront transférés vers d'autres sites et 500 seront supprimés d'ici au 1er semestre 2013.

Parmi les postes réaffectés, 130 s'en iront dans le canton de Vaud, les autres en Allemagne (Darmstadt), aux Etats-Unis (Boston) et en Chine (Pékin).

Outre la fermeture du siège genevois, Merck Serono projette la suppression d'environ 80 des postes actuels sur l'ensemble des sites situés dans le canton de Vaud (Aubonne, Corsier-sur-Vevey et Coinsins).

Merck Serono maintiendra environ 1000 emplois en Suisse (contre 2100 actuellement), dont 800 dans le canton de Vaud.

Des possibilités de recherche de nouveaux emplois vont être offertes aux 500 collaborateurs dont les postes sont supprimés. Un fonds de 30 millions d'euros (36 millions de francs) va être mis à disposition pour aider à la création de jeunes entreprises.

La division Merck Serono a été créée en janvier 2007 par le groupe allemand à la suite du rachat en 2006 de Serono pour 16,8 milliards de francs à Ernesto Bertarelli. Au 31 décembre 2011, elle employait dans le monde 16'867 personnes, dont 2100 en Suisse.

Ses revenus ont atteint 5,9 milliards d'euros l'an dernier, en hausse de 2,9% par rapport à 2010. Le groupe allemand Merck KGaA, dont elle dépend, emploie quant à lui 40'000 personnes dans 67 pays avec des ventes de 10,3 milliards d'euros en 2011.

Remboursement de l'exonération fiscale?

Interrogé par Le Matin Dimanche pour savoir si Merck Serono rembourserait les 3,5 millions de francs d'exonération fiscale qui n'ont pas coulé dans les caisses du trésor public local, François Naef a déclaré qu'il ne confirme, ni ne dément cette information.

"Merck Serono cherche à optimiser fiscalement ses activités dans différents pays où elle opère, y compris en Suisse. Elle respecte à cet égard la loi et les engagements qu'elle prend envers les autorités", a-t-il précisé.

Des compétences intéressant d'autres sociétés

"Il est important pour nous de pouvoir utiliser les nombreux talents disponibles chez Merck Serono pour créer de nouvelles entreprises ou les intégrer à d'autres sociétés" a pour sa part déclaré à la RTS Michèle Ollier, associée d’Index Ventures, géant du capital risque basé à Genève et spécialiste dans le lancement d'entreprises technologiques et scientifiques.

Alliée pour l'occasion à Index Ventures, Eclosion - une pépinière soutenue par le canton de Genève et aidant à la création et au développement d’entreprises dans le domaine des sciences de la vie - se dit également prête à assister des scientifiques qui désireraient se lancer dans l'aventure entrepreneuriale.

"Nous pouvons amener (aux anciens employés de Merck Serono, ndlr) la même aide qu'à des chercheurs universitaires", explique Jesús Martin-Garcia co-fondateur d'Eclosion. "Pour développer une entreprise il faut avoir des connaissances dans des domaines autres que celui de sa recherche, comme un savoir-faire réglementaire ou en production. Eclosion veut intégrer tout ça dans un projet", précise-t-il.