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Le conflit social rebondit chez Merck Serono

Environ 320 employés écoutent les différents discours, lors d'une assemblée générale du personnel du groupe Merck Serono organisée par le syndicat Unia, ce jeudi 26 juillet 2012 a Genève. [Martial Trezzini]
Environ 320 employés écoutent les différents discours, lors d'une assemblée générale du personnel du groupe Merck Serono organisée par le syndicat Unia. - [Martial Trezzini]
Merck Serono a décidé de ne pas accepter la recommandation émise la semaine dernière par la Chambre des Relations Collectives de Travail (CRCT) qui demandait à l'entreprise pharmaceutique d'augmenter les indemnités de base. Le personnel a immédiatement réagi en décidant de reprendre la lutte.

Le conflit social chez Merck Serono a rebondi jeudi à Genève. Le personnel a décidé de reprendre la lutte, après le refus de la direction de l'entreprise pharmaceutique d'augmenter les indemnités de départ de tous les employés.

Suite à la procédure de conciliation entre la direction de Merck Serono et les représentants des employés et du syndicat Unia, la Chambre des Relations Collectives de Travail (CRCT) avait recommandé le 18 juillet une augmentation des indemnités de départ de l'ensemble des employés. Merck Serono a annoncé jeudi refuser cette recommandation. Selon la direction du groupe allemand, le plan social offert est déjà très substantiel au regard de la pratique.

La direction a en même temps renouvelé son offre d'améliorations pour les employés les plus vulnérables. Quelque 1500 personnes sont concernées, 750 étant transférées, 500 licenciées et 250 intérimaires perdant leur emploi après la décision de fermer le site de Genève, annoncée le 24 avril.

Le personnel aux barricades

A une forte majorité, le personnel de Merck Serono réuni en assemblée générale à la halle Sécheron a fait connaître son indignation. Il a décidé de poursuivre la lutte par 254 voix contre 43 et 23 abstentions. Il a accepté les recommandations émises le 18 juillet par la Chambre collective de travail (CRCT), dont celle demandant à l'employeur de fixer l'indemnité de base à 1,25 mois par année de service contre un mois de salaire proposé par la direction (avec un minimum de deux mois et un maximum de 12 mois).

Le personnel avait proposé à l'origine une indemnité de 1,5 mois. De ce fait, les employés ont pris le risque de perdre les prestations supplémentaires proposées par la direction dans son plan négocié au 18 juillet, qualifiées de marginales par leurs représentants. Ces améliorations pour les plus vulnérables représentent environ 4% de l'enveloppe globale du plan social de la direction, selon les représentants du personnel, qui les ont qualifiées de "cacahuètes".

Une minorité d'employés s'est exprimée lors de l'assemblée pour un accord avec la direction en redoutant que le personnel "ne s'enferme dans une spirale négative" en poursuivant la lutte. Elle a défendu les acquis obtenus jusqu'ici, notamment en termes d'aide au reclassement et aux transferts.

Démarches juridiques

Des démarches juridiques vont en outre être lancées en Allemagne par les employés. Une rencontre entre le Merck Euro Forum et la direction du groupe allemand à Darmstadt en Allemagne n'ayant rien donné jeudi, une plainte va être déposée.

La direction de Merck Serono a indiqué pour sa part qu'elle poursuit ses efforts aux fins de trouver des possibilités de reclassement pour ses employés. Cela inclut des discussions avec des partenaires, comme l'accord déjà annoncé avec la société Quintiles qui s'est engagée à proposer au moins 100 offres d'emploi au cours des trois prochains mois.

Des contacts sont prévus avec d'autres entreprises actives dans la région, avec notamment l'organisation en septembre d'un forum pour l'emploi qui permettra de faciliter les contacts entre les employés de Merck Serono et des entreprises. Le groupe allemand continue en outre de participer à la task force mise en place par le Conseil d'Etat afin de contribuer au projet d'institut de biotechnologie à Genève.

ats/mre/hof

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Des actions dès la semaine prochaine

Les actions de protestation vont reprendre dès la semaine prochaine sur le site.

Si la direction ne revoit pas sa position d'ici lundi, des débrayages auront lieu tous les mardis matin en août.

Une grève a été votée pour une demi-journée mardi.

Une action est prévue en outre dans le cadre du 1er août et les grèves sectorielles sont reconduites.

Le soutien du maire de Genève aux employés

Le maire de Genève Rémy Pagani est venu en personne apporter son soutien aux employés et leur a offert un stand lors des cérémonies du 1er août.

Répondant à une question, il s'est insurgé contre la passivité des autorités cantonales.

"Le Conseil d'Etat a le pouvoir de convoquer les parties. Il serait avisé de le faire pour au moins sauver son honneur", a déclaré le maire de Genève devant l'assemblée du personnel.