Le couple qui avait assassiné en 2007 à Genève une jeune femme enceinte de 20 ans échappe à la prison à vie. La Chambre pénale d'appel et de révision a condamné jeudi l'homme de 30 ans et la femme de 32 ans à chacun 20 ans de réclusion.
Le Tribunal fédéral (TF) avait annulé en octobre la condamnation à perpétuité. Il estimait que le jugement de la Chambre d'appel, qui confirmait la condamnation du Tribunal criminel, était insuffisamment motivé au vu de la lourde peine prononcée à l'encontre des deux assassins, également reconnus coupables d'interruption de grossesse et d'atteinte à la paix des morts.
Réclusion à vie injustifiée
Dans le verdict rendu jeudi, les juges ont relevé que la réclusion à vie n'est pas justifiée. Ils ont prononcé une peine à durée déterminée de 20 ans, soit le maximum possible pour un assassinat. Ils ont notamment tenu compte de l'enfance difficile des appelants, de leur évolution favorable en prison où ils suivent une thérapie et de leur prise de conscience de leur acte.
"Cette peine a un visage plus humain. Certains de nos arguments ont été entendus", a salué Yaël Hayat, une des avocates de la femme. Parents d'un garçon de 7 ans, les deux condamnés pourront demander leur libération conditionnelle après treize ans de détention, soit dans huit ans compte tenu des cinq années déjà purgées. En cas de perpétuité, la libération conditionnelle est envisageable après quinze ans.
Assassins soulagés
Le premier procureur Yves Bertossa avait invité la Chambre pénale d'appel et de révision à confirmer la condamnation à perpétuité prononcée en première instance et en appel. "Pour le Ministère public, c'est la seule réponse sociale et judiciaire possible face à l'atrocité de leur acte", a-t-il déclaré. Et d'indiquer qu'il n'a pas encore décidé s'il fera recours au TF.
Les deux assassins - elle en jean et pull noir, lui en costume-cravate - ont affiché leur soulagement en quittant le banc des accusés. Leur réduction de peine a, en revanche, été moins bien accueillie par certains proches de la victime qui ont bruyamment manifesté à la sortie du Palais de justice.
ats/vkiss
Rappel des faits
En novembre 2007, suivant un plan précis, l'homme avait conduit son amante enceinte sur un parking désert. Ils avaient fait l'amour dans la voiture puis il l'avait étranglée en présence de sa compagne, rongée par la jalousie. Le couple avait ensuite transporté le corps dans une forêt fribourgeoise, l'avait brûlé et recouvert de chaux. La jeune victime avait refusé d'avorter.