Des manifestations ont eu lieu mercredi tant à Genève qu'à Lausanne contre la volonté du groupe de presse zurichois Tamedia de procéder à des économies massives dans ses titres, notamment romands. Plusieurs dizaines de journalistes ont protesté en matinée devant le siège de la Tribune de Genève et ils étaient une centaine en fin d'après-midi devant la gare du chef-lieu vaudois.
En Suisse romande, Tamedia détient la plupart des journaux rassemblant le plus grand lectorat, comme "24heures", "La Tribune de Genève", "Le Matin", "Le Temps" et "20 minutes".
"Un journal n'est pas une vache à lait"
A Genève, les employés de la "TdG" se sont rassemblés devant le bâtiment et ont été rejoints par des syndicalistes et sympathisants. "C'est la presse qu'on assassine", "Non au grounding de la presse romande", "Sans employés, pas de rentabilité", "Non au presse-citron", "Un journal n'est pas une vache à lait", pouvait-on notamment lire sur les fausses manchettes brandies en guise de pancarte.
A Lausanne, les protestataires étaient précédés par une banderole "Le Matin en colère". Des manchettes comme "Presse romande en danger" ont aussi été brandies. Les journalistes ont quitté la tour pour rejoindre la gare. Dans leur tract, ils ont rappelé que Tamedia avait réalisé 151 millions de francs de bénéfice l'an dernier et que le groupe voulait économiser 34 millions pour augmenter sa marge.
Tous les titres de Tamedia Publications romandes et tous les sites "vont se serrer la ceinture pour les actionnaires". "Ce seront des licenciements massifs" pour le personnel et "moins de qualité" ainsi que "moins d'information" pour les lecteurs, ont déploré les manifestants.
Tamedia veut économiser 34 millions
En début de semaine, Tamedia a annoncé qu'il allait procéder à des réductions d'effectifs dans les prochains mois. Selon le groupe alémanique, 34 millions de francs manquent à l'heure actuelle, dont près de 18 en Suisse romande, pour atteindre les objectifs de rentabilité fixés par le conseil d'administration pour 2016.
Alors que le monde politique se mobilise (voir ci-contre), les rédacteurs en chef des journaux concernés ont dit rechercher le dialogue avec la direction. Réunie en assemblée générale mardi soir, la Société des rédacteurs et du personnel de la Tribune de Genève a adopté une résolution qui dénonce les conséquences néfastes qu'entraîneraient les coupes
boi avec ats
Le gouvernement genevois proteste
Le gouvernement genevois a écrit au président du conseil d'administration de Tamedia Pietro Supino et demandé de discuter avec lui du plan d'économies envisagé par le groupe de presse zurichois.
Une rencontre devrait avoir lieu avant Pâques.
"Nous avons également pris langue avec le Conseil d'Etat vaudois afin de nous coordonner", a fait savoir mercredi le président du gouvernement genevois Charles Beer.
Pour le magistrat, les décisions de Tamedia affectent l'emploi et portent un coup à la diversité des médias.
Le conseiller d'Etat genevois est conscient que la marge de manoeuvre des autorités politiques dans cette affaire "n'est pas énorme".
Il espère toutefois que le front uni affiché par les gouvernements de l'arc lémanique pèsera de tous son poids lors des discussions avec les responsables du groupe de presse.
La Ville de Genève déplore
La Ville de Genève "a pris connaissance avec surprise et inquiétude" du plan d'économies annoncé par le groupe de presse Tamedia.
Selon la municipalité, la diversité de la presse et le maintien des emplois en Suisse romande et à Genève sont menacés.
L'exécutif de la Ville de Genève a rappelé mercredi "son attachement à la pluralité de l'information qui demeure essentielle pour garantir la bonne marche de la société et du système démocratique".
Il s'est dit d'autant plus surpris par cette volonté d'économies que Tamedia est un groupe financièrement rentable.
Johann Schneider-Ammann n'agira pas
Interrogé par l'émission Forum de la RTS, Johann Schneider-Amman a déclaré que "par principe, on a besoin dans tous les secteurs d'une certaine diversité", mais qu'il n'agirait pas dans ce cas précis.
"C'est le marché qui joue", a estimé le ministre de l'Economie.