Genève est propriétaire de l'Hôtel Métropole, un 5 étoiles historique situé en front de lac, depuis 1941. La gestion du palace est assurée par le groupe Swissôtel depuis 1998, mais les travaux demeurent toujours à la charge de la Ville, qui devrait en théorie soumettre ses demandes de gros travaux au Conseil municipal. Depuis des années pourtant, aucun des travaux réalisés pour rénover et agrandir l'hôtel n'a passé devant cet organe du législatif chargé d'avaliser les comptes.
Ainsi, le Conseil municipal n'a pas eu connaissance d'une demande de surélévation devisée à plus de 400'000 francs pour une terrasse en attique. Il n'a pas eu non plus son mot à dire dans la réalisation de travaux dont la facture s'élève à près de trois millions pour la seule année 2013.
Plus problématique encore: aucun de ces travaux n'a fait l’objet de soumission publique, comme l'exige la loi dès lors que de l’argent public est en jeu.
Sandrine Salerno montrée du doigt
Selon Rémi Pagani, en charge des Constructions et des Bâtiments de la Ville, l'entière responsabilité de cette situation incombe à Sandrine Salerno, cheffe des Finances, avec qui est lié contractuellement Swissôtel.
Le magistrat admet avoir découvert le problème en octobre 2013 grâce à la fameuse terrasse, que la Commission cantonale des monuments, de la nature et des sites a refusé de valider en mai de la même année. "J’ai alors tout fait bloquer", dit Rémy Pagani, affirmant avoir tapé du poing sur la table.
Esprit de la loi préservé
De son côté, Sandrine Salerno n'a pas souhaité répondre directement aux questions de la RTS. Elle renvoie au directeur général adjoint de l'administration municipale et à deux avis de droit commandés l'été dernier. Ces derniers disent en résumé que le contrat de droit privé passé avec Swissôtel correspond bien à l'esprit de la loi et qu'il coûterait très cher de le dénoncer.
Laetitia Guinand/oang
Bénéfices de l'hôtel en forte baisse
Selon un document que la RTS a pu se procurer, les bénéfices de l'hôtel Métropole sont en chute libre depuis 2006.
Ils sont passés de près de 5 millions de francs cette année-là à moins de 700'000 francs en 2012, avant de remonter légèrement en 2013.
La Ville a reçu une proposition de rachat de l'établissement par deux membres de la Banque Pâris Bertrand Sturdza, représentant un groupe d'investisseurs apparemment actifs dans le secteur hôtelier.
D'après un échange de mails datant de février 2013, Sandrine Salerno a cependant fermement rejeté cette offre.