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"En Russie, on m'accuse d'être responsable du crash du MH17"

"Moscou m'accuse d'avoir abattu le MH17 et dynamité une centrale nucléaire"
"En Russie, on m'accuse d'être responsable du crash du MH17" / L'actu en vidéo / 3 min. / le 10 décembre 2014
Résident fiscal à Genève et gouverneur de la région de Dniepropetrovsk, le milliardaire Igor Kolomoïsky évoque, dans un entretien à la RTS, son action et sa situation de "bête noire" de Moscou.

Nommé début mars à la tête de la région de Dniepropetrovsk - province voisine de celle de Donetsk restée fidèle à  Kiev - Igor Kolomoïsky a fait fortune dans la banque, la métallurgie, le transport aérien et les médias. Il est aujourd’hui l’une des personnalités politiques les plus influentes d'Ukraine. Et l’une des plus controversées. En particulier en Russie où le Comité d’enquête a lancé des poursuites contre lui en juin pour "meurtres et enlèvements", l’accusant entre autres d’avoir armé et financé des bataillons d’auto-défense qui ont combattu les séparatistes pro-russes et semé la terreur dans l’est de l’Ukraine.

Fonds de bienfaisance pour des munitions

"Quand j’ai pris mes fonctions de gouverneur de Dniepropetrovsk, l’Ukraine était sous la menace d’une intervention militaire directe de la part de la Russie. Nos forces armées affichaient alors un spectacle pitoyable. Il fallait bien faire quelque chose pour redémarrer la machine", rappelle Igor Kolomoïsky dans un entretien exclusif pour le 19h30 de la RTS.

L'oligarque, dont la fortune est estimée à 3 milliards de dollars, reconnaît avoir aidé à la création de bataillons d’auto-défense de volontaires – parmi lesquels  le bataillon "Donbass", et les quatre bataillons "Dniepr." Pour ce faire, il a transféré "de l’argent dans un fond de bienfaisance pour acheter des munitions, des casques, des gilets pare-balles" aux côtés, précise-t-il, "d’autres hommes d’affaires et de volontaires". "Nous avons tout acheté, sauf les armes qui ont été fournies à partir des stocks de l’armée ukrainienne", assure le triple national ukrainien, israélien et chypriote.

"Une armée privée? Absurde!"

Combien a-t-il dépensé? "Depuis le début..? Peut-être 10-20 millions de dollars", répond-t-il, mettant en parallèle le milliard dépensé par Kiev depuis le début du conflit. "Tout ce que la propagande russe raconte sur une armée privée que je me serais soi-disant achetée est totalement absurde. A l’inverse des formations miliaires pro-russes qui combattent dans l’est de l’Ukraine, nos bataillons sont légaux, désormais rattachés soit au ministère de l’Intérieur, soit au ministère de la Défense", ajoute Igor Kolomoïsky.

"Propagande russe"

Depuis le début du conflit ukrainien, le milliardaire est devenu la bête noire des autorités et des médias officiels russes. Plusieurs publications l’ont accusé d’avoir joué un rôle dans la catastrophe du Boeing MH17 de la Malaysia Airlines, en détournant l’avion de son itinéraire prévu pour l’attirer au-dessus de la région dans l’est de l’Ukraine où il a été abattu avec 298 passagers à bord. "Il n’y a aucun sens à commenter ces absurdités" réplique-t-il, estimant que la propagande russe fonctionne à plein régime. "Parmi les derniers chefs d’oeuvre (de la propagande russe, ndlr), on m’accuse d’avoir voulu dynamiter soit la centrale nucléaire, soit le barrage de Zaporijia. Et j'aurais creusé un bunker où j'aurais eu l'intention de me réfugier. Je me suis dit: 'Mais pourquoi? J'aurais pu prendre l'avion et venir à Genève! Je n'aurais pas eu besoin d'un bunker!"

Confusion

En Ukraine, Igor Kolomoïsky crée aussi des remous, entretenant une certaine confusion entre ses activités de gouverneur et celles de businessman. "Mes fonctions m'interdisent de faire des affaires. Mais effectivement, ce serait mentir que de prétendre que je ne m'en occupe pas. Oui, je suis les choses, car ma nomination a été si soudaine que je n'ai pas réussi à faire en sorte que mon business fonctionne sans moi", plaide-t-il.

Agathe Duparc et Marc Allgöwer/gax

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Igor Kolomoïsky à Genève

Igor Kolomoïsky a installé sa base arrière à Genève. Sa femme et ses deux enfants y vivent, ainsi que sa sœur propriétaire d’une galerie d’art.

Depuis 2010, il est titulaire d’un forfait fiscal et d’un permis de séjour B. Cette autorisation doit être renouvelée avant la fin de l'année. Les autorités genevoises devront décider si ce titre est compatible avec les activités du gouverneur-oligarque.

Pour assurer sa communication, Igor Kolomoïsky a récemment fait appel aux services de l'ancien ambassadeur de Suisse Thomas Borer.