Fabrice A., le détenu de La Pâquerette accusé d'avoir tué Adeline, une sociothérapeute de 34 ans, le 12 septembre 2013, avait pu se procurer un couteau de chasse Hunter XS en le commandant par téléphone chez Victorinox, révèle l'émission de la RTS Les coulisses de l'événement, diffusée mercredi soir.
Le violeur récidiviste avait pu récupérer l'arme, prétextant l'achat d'un cure-pied pour chevaux, le jour de sa sortie avec Adeline qui le conduisait à une thérapie équestre.
Enquête bridée par le Conseil d'Etat genevois
L'émission de la RTS révèle aussi un document qui dévoile comment le gouvernement genevois a cherché à limiter l'enquête.
Un courrier du Conseil d'Etat, signé de la main de son président François Longchamp, exprime la volonté de circonscrire l'enquête à la responsabilité de la directrice de La Pâquerette.
"En aucune façon, le mandat (...) ne doit porter sur le rattachement ni sur le fonctionnement de La Pâquerette", y lit-on.
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Rappel des faits
- Le 12 septembre 2013, la police genevoise est avertie de la disparition d'Adeline, une sociothérapeute de 34 ans, et de Fabrice A., un violeur récidiviste détenu au centre de La Pâquerette. Les deux personnes avaient rendez-vous pour une thérapie dans un centre hippique de la commune de Bellevue (GE).
- En début de soirée, la police localise Fabrice A., rapidement devenu le principal suspect de la disparition, près de Bâle mais n'arrive pas à l'intercepter.
- Le 13 septembre, le corps d'Adeline est retrouvé sans vie près du club hippique.
- Le 15 septembre, le meurtrier présumé Fabrice A. est arrêté en Pologne. Dans sa voiture, la police découvre un couteau qui a été acheté à Genève le jour du drame et qui aurait servi au meurtre.
- Il a été transféré en Suisse en décembre 2013.
- Son procès devrait se tenir fin 2015 ou début 2016.
Trois audits
L'affaire Adeline a donné lieu à trois rapports d'audit.
- Le premier, commandé par le Conseil d'Etat, a été conduit par Bernard Ziegler et ses conclusions, rendues en octobre 2013, assuraient que la sortie du meurtrier présumé était illégale. La Pâquerette et le service d'application des peines étaient visés par les critiques.
- En mai 2014, un deuxième rapport, conduit par Me Benoît Chappuis, et commandé par le Conseil d'administration des HUG, se révèle plus complaisant, ce qui provoque l'ire de la famille et des proches d'Adeline.
- Le Grand Conseil genevois vote alors en août dernier, une motion réclamant de nommer une commission d'experts externes au canton pour faire toute la lumière sur les dysfonctionnements ayant conduit à la mort d'Adeline en septembre 2013.
Témoignage inédit du compagnon d'Adeline
Le compagnon d'Adeline s'exprime aujourd'hui pour la première fois dans les médias, plus d'un an après le drame. Il affirme ses doutes quant à la volonté du gouvernement genevois de faire toute la lumière sur l'affaire (voir la vidéo ci-contre).
"J'ai le sentiment qu'une partie de l'Etat ne veut pas aller plus loin. (...) Mais j'ai besoin d'avoir la vérité pour continuer. Pour faire le deuil, j'ai besoin qu'on nous dise tout, c'est la moindre des choses".
Le père de famille explique encore qu'il n'attend pas grand chose du procès de Fabrice A. qui pourrait se tenir fin 2015.
"Je ne demande pas de réparation de la part de l'Etat, mais je ne veux pas qu'Adeline soit morte pour rien. Je ne demande pas que les fonctionnaires soient sans faille mais seulement qu'ils assument leurs responsabilité".
L'interview complète est à voir dans l'émission Les coulisses de l'événement, diffusée à 20h10 sur RTS1.