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Mobilisation contre la sous-enchère salariale des nettoyeurs à Genève

Nettoyeurs pauvres
Nettoyeurs pauvres / Mise au point / 12 min. / le 8 février 2015
Une vingtaine de nettoyeurs d'écoles genevoises se sont récemment vu proposer des baisses importantes de salaire à la suite d'une réattribution d'un marché public. Des enseignants se mobilisent.

La réattribution des mandats publics de nettoyage favorise-t-elle la sous-enchère salariale dans le canton de Genève? Des employés d'entreprises de nettoyage ont été licenciés à la fin de l'année 2014 car le marché public pour l'entretien des bâtiments a été attribué à une autre société. Meilleure marché, l'entreprise sélectionnée par l'Etat a proposé aux employés licenciés de les réengager, mais en baissant leurs salaires au minimum fixé par la convention collective.

Une vingtaine d'employés de différentes écoles ont été concernés par ce phénomène. L'émission Mise au Point a rencontré deux nettoyeurs qui ont refusé les nouvelles conditions, nettement inférieures. Ils se retrouvent actuellement tous deux au chômage.

Baisse de 900 francs par mois

Manuel a vécu plusieurs baisses de salaires après des réattributions de mandats publics. Il est passé de 4325 francs bruts à 3800 francs, pour finalement se voir offrir 3100 francs par Samsic Propreté SA, qui a obtenu dix mandats fin 2014: "Je n'arrive pas à vivre avec ce salaire-là".

Comme lui, Midjen, 34 ans, travaillait aussi pour une société qui a perdu l'appel d'offre. Licencié en décembre, il est l'un des rares à avoir refusé la sous-enchère salariale du concurrent. "Avant, on gagnait 4000 francs par mois. La nouvelle entreprise nous propose 1000 francs de moins. Les années de travail et d'expérience ne comptent pas."

Le directeur de l'entreprise française Samsic Propreté SA, Jérôme Pinson, reconnaît la difficulté de vivre à Genève avec un peu plus de 3000 francs par mois. Mais il assure respecter complètement la convention collective et explique être "condamné à chercher en permanence des économies. Dans les métiers que nous faisons, cela touche forcément l'humain. C'est en ça que le système semble assez pervers".

L'Etat, lui, est obligé de remettre régulièrement les mandats de nettoyage au concours. Dans les faits, ce sont systématiquement les entreprises les moins chères qui sont choisies, constate l'association patronale des entreprises de nettoyage. Une pratique qui appauvrit un pan important de la population et pousse des travailleurs à temps complet à demander l'aide sociale, s'inquiète le syndicat SIT.

Mobilisation des enseignants

Enseignante au cycle de la Gradelle, Nicole Guichard Jeanneret a été touchée par "la détresse des travailleurs". Avec ses collègues et les parents d'élèves, elle s'est mobilisée et a adressé une pétition au Parlement genevois: "Nous demandons que les travailleurs soient réengagés à des conditions au moins équivalentes à celles qu'ils ont connues."

A la suite du dépôt de sa pétition, l’enseignante va être auditionnée par le Parlement genevois à la mi-février.

Myriam Gazut/vtom

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