Cette organisation baptisée Les Greniers du Monde a fait appel à un call-center basé au Maroc, du même type que ceux utilisés par les assureurs maladie ou les marchands de vin, pour chercher des dons. Mais elle n'a pas respecté le fameux astérisque censé protéger les numéros fixes des démarcheurs commerciaux.
"Avant je faisais 30'000 francs par année, mais c'était sur mon argent, des petites ventes, puis là on arrive à 10'000, 12'0000, 15'000 francs par mois", estime le responsable de l'organisation, Claude Keller. Si sa crousille gonfle, il faut néanmoins tenir compte des frais, 70% des dons récoltés vont au call-center. "C'est terriblement dur, mais c'est toujours 150 à 200% de plus qu'avant qui rentre."
Procédure du SECO en cours
Mais les plaintes se sont multipliées, des privés ont alerté les organes chargés de surveiller les œuvres de charité ainsi que le démarchage téléphonique. Résultat, les Greniers du Monde figurent sur les listes noires de la Fédération romande des consommateurs ainsi que de la Fondation Zewo, qui certifie la bonne tenue des organisations d'utilité publique.
Le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) a ouvert une procédure pour déterminer si une récolte de dons peut être assimilée à une démarche commerciale et donc tomber sous le coup de la loi qui sanctionne depuis 2012 le non-respect de l'astérisque. Selon Claude Keller, la justice tranchera, une audience est prévue le mois prochain.
Ludovic Rocchi/lgr
Contrat dénoncé par Les Greniers du Monde
Epinglée, l'organisation Les Greniers du Monde s'est retournée contre le call-center "qui n'a pas respecté ses engagements de ne jamais appeler des abonnés possédant une astérisque dans l'annuaire". Elle a ainsi "dû résilier avec effet immédiat le mandat du call-center, à la fin du mois de janvier 2016", a indiqué l'avocat des Greniers du Monde à la RTS en septembre.
Régater face à Angelina Jolie ou George Clooney
Le "marché" de la bienfaisance use déjà de nombreuses techniques pour collecter des dons: courriers à répétition, recours à de jeunes mercenaires dans la rue et les gares. Alors pourquoi pas les call-center? Eric Berseth, directeur de Philantropy Advisors, explique la limite à ne pas franchir.
"C'est probablement plus compliqué pour les petites ONG d'aller chercher des fonds, elles ont en face des gros mastodontes qui ont une histoire, une réputation, des ambassadeurs comme Angelina Jolie, George Clooney et surtout des budgets qui sont alloués à la communication et au fundraising qui sont bien plus importants que ces petites structures, qui finalement doivent trouver des moyens innovants pour aller chercher de nouveaux fonds, mais en faisant attention de ne pas être trop intrusif, ce qui peut justement être contre-productif."