Alors que la question de l'attribution de quotas de réfugiés aux divers pays de l'Union européenne suscite des tensions, Mauro Poggia estime que l'Europe montre qu'elle n'est pas mûre pour travailler ensemble, avec des scissions extrêmement claires entre des pays de la vieille Europe et des pays de l'ex-Europe de l'Est sur la question de l'accueil de migrants.
Interrogé sur d'éventuelles suspensions des paiements suisses pour la Hongrie, telles que proposées par Christian Levrat, Mauro Poggia se montre plus modéré: "Je suis toujours plus pour la conviction que pour la coercition. Je pense que ces pays ont certainement des problématiques qui justifient ces positions. Il faut d'abord essayer de les dépasser."
Imposer des quotas de migrants à ces pays serait contre-productif. Et surtout, s'interroge le magistrat genevois, dans quelles conditions les migrants seront-ils accueillis par des pays qui n'en veulent pas?
"Nous n'avons pas à rougir de ce que nous faisons actuellement"
Mauro Poggia salue l'accueil fait par la Suisse aux migrants, rappelant que le pays, qui regroupe 2% de la population du continent européen, accueille 4% de la population migrante en Europe. "Nous n'avons pas à rougir de ce que nous faisons actuellement", souligne-t-il.
Pour le conseiller d'Etat MCG, la clé d'un accueil réussi passe par l'intégration. Alors que 50% des migrants vont rester à terme en Suisse, il faut investir, dans l'apprentissage de la langue et dans des formations qui pourraient être utiles à l'ensemble de la population genevoise, et Mauro Poggia de souligner notamment l'intérêt de former ces nouveaux arrivants dans le domaine des soins, qui est fortement demandeur.
Le logement reste un défi
"Accueillir des migrants dans des abris de protection civile est une solution d'urgence", rappelle le conseiller d'Etat, "à moyen et long terme ce n'est pas viable".
Mauro Poggia explique que les migrants qui vont être attribués au canton de Genève seront accueillis dans un premier temps dans des bâtiments voués à la démolition. Il souligne que ces logements sont vides et qu'ils ne vont donc "pas être pris à la population genevoise". Ils seront attribués à des familles s'ils sont assez grands ou autrement à des individus.
Les bâtiments qui sont voués à être détruits seront dans une seconde phase reconstruits et le Conseil d'Etat envisage d'y installer notamment les migrants. "Il s'agit d'un investissement", souligne Mauro Poggia, qui rappelle que loger des migrants dans des abris de protection civile coûte 1600 francs par mois et par personne, alors que des hébergements dans des logements collectifs coûte entre 500 et 600 francs par mois et par personne.
Eric Butticaz