En épluchant les statistiques de l'Etat de Genève, on constate par exemple que si une personne habite le même appartement depuis l’an 2000, peu importe la grandeur ou le confort de celui-ci, son loyer a augmenté de 7% pendant cette période de quinze ans.
Mais si cet appartement a changé de locataire, son loyer a augmenté de 140%.
Très peu de locataires contestent le loyer initial. Et du coup, les propriétaires profitent du changement pour faire des majorations très importantes
Loyer initial peu contesté
"Ces chiffres très conséquents s'expliquent par le fait que très peu de locataires contestent le loyer initial. Et du coup, les propriétaires profitent du changement pour procéder à des majorations importantes", explique Christian Dandres, juriste à l'ASLOCA.
En outre, si le loyer de notre exemple avait été indexé au taux hypothécaire de référence, qui est passé en 15 ans de 4,25% à 1,75%, il aurait dû baisser de 21% durant la même période.
Pas de répercussion du taux hypothécaire
"Les propriétaires auraient dû répercuter des baisses de loyer liées à des baisses du taux hypothécaire pour presque 20 à 25% entre 2000 et aujourd'hui. Il y a vraiment un iatus très important, qui s'explique par le fait que le droit de bail existe, mais conditionne sa protection à l'action du locataire, qui malheureusement n'intervient pas assez souvent", ajoute Christian Dandres.
Les loyers abusifs sont devenus la règleAntonio Hodgers, chef du Département du logement GE
Interrogé sur le plateau du 19:30, le conseiller d'Etat genevois Antonio Hodgers pointe l'échec du marché du logement dans le canton de Genève. Le ministre évoque notamment les abus au sein du marché libre, où les cantons n'ont pas la possibilité d'agir. Et d'ajouter que les "loyers abusifs sont devenus la règle".
thc/jvia
Les anciens locataires mieux protégés?
Justement, la loi ne protège-t-elle pas mieux les anciens locataires que les nouveaux, qui doivent finalement passer à la caisse?
Selon Cirpriano Alvarez, juriste à l'Office fédéral du logement, il ne faut pas chercher à opposer ces catégories. "Quelle serait la solution? Augmenter le loyer des locataires anciens de la même façon que le loyer des nouveaux locataires? On aurait une explosion sociale des loyers dans les grandes villes en Suisse, cela ne serait pas possible!", estime-t-il.
Phénomène limité en Suisse alémanique
Les points de surchauffe des loyers sont notamment l’arc lémanique, la région zurichoise et les Grisons. Le même phénomène existe donc en Suisse alémanique qu'à Genève, mais la différence entre anciens et nouveaux locataires est limitée à 65% à Zurich.
Ceci est lié aux coopératives d’habitations, qui composent un quart du marché de la location zurichois, et qui freinent les hausses de loyers.