Au lieu d’augmenter sa fortune, la caisse de pension de l’Etat de Genève continue à l’entamer pour payer ce qu'elle doit aujourd'hui à ses assurés pensionnés. Ainsi en 2015, 75 millions ont été prélevés, sur les 800 millions injectés en 2013 suite au vote de la population genevoise pour sa recapitalisation.
Comme plus la fortune baisse, moins elle génère de revenu, il n'y a aucune chance d’atteindre d’ici 2051 - date butoir pour la Confédération - les 80% de couverture obligatoire.
Cette perte n'est pas seulement due aux taux négatifs. Seule une des quatre conditions requises par le plan d'assainissement voté en 2013 est réalisée, soit la hausse des effectifs de la fonction publique.
A la mauvaise situation conjoncturelle vient s'ajouter un déficit structurel, avec notamment le système en place de la primauté des prestations où l'Etat garantit le prix fixe des rentes.
Comment redresser la barre?
La meilleure solution, semble-t-il, pour éviter de perdre toujours plus serait de recapitaliser d'un coup la caisse et de changer le système. Mais cela a évidemment un coût.
On parle de 7 milliards de francs: entre 5-6 milliards pour renflouer la caisse, et 1-2 milliards comme mesures transitoires pour changer le système avec des dommages minimaux pour les affiliés.
Mais naturellement, la dette du canton, actuellement la plus lourde de Suisse, bondirait à 20 milliards. Une nouvelle votation populaire aurait vraisemblablement aussi lieu.
La question est à présent dans les mains du Conseil d'Etat et de la commission des finances qui traite actuellement du dossier.
"La situation est sérieuse" pour le Conseil d'Etat
"Il faut regarder la situation telle qu'elle est: elle est sérieuse", a expliqué mardi dans l'émission Forum le conseiller d'Etat genevois en charge des Finances Serge Dal Busco.
"La caisse de pension de l'Etat de Genève est particulièrement fragile", a-t-il ajouté, insistant sur la situation conjoncturelle difficile. "Ce qui a été choisi en 2013, c'est une longue convalescence jusqu'en 2050 pour atteindre les exigences de la Confédération." Et dans cette situation, "le moindre coup de vent en quelque sorte nous met en péril", juge enfin Serge Dal Busco. Et d'ajouter: "On ne peut pas laisser la situation s’enliser. Il faudra évidemment prendre des mesures."
Laetitia Guinand/lan