Malaise, incompréhension, frustration… Des sentiments largement partagés parmi les collaborateurs du MAH de Genève. La gouvernance de l'institution et la gestion des ressources humaines sont en cause, avec notamment deux engagements - qui s'ajoutent à des cas précédents - qui suscitent de nouvelles critiques, alors que le musée sort d'une campagne de votation difficile sanctionnée d'un refus par la population du projet de rénovation et d'agrandissement du bâtiment du MAH en février.
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Le dernier épisode date d'il y a un mois. Alors qu'une responsable très contestée du secteur Beaux-Arts avait annoncé son départ vers son ancien poste en France, la direction du MAH annonce que cette dame poursuivra sa collaboration avec le musée genevois, avec un mandat de commissaire pour la grande exposition Hodler en 2018. Une annonce faite à la grande stupéfaction du personnel - pourtant soulagé de ce départ - qui s'étonne de voir une mission si importante confiée à une personne qui n’est pas spécialiste du peintre suisse.
Des candidats de valeur écartés
L'autre cas récent concerne le poste de responsable du Département des arts appliqués, pour lequel une autre candidature française a été retenue après un processus de sélection jugé opaque par certains. La personne engagée était directrice adjointe du Musée d’Orléans. Et là aussi surprise: cette personne n'est pas spécialiste du domaine des arts appliqués.
Le professeur honoraire en histoire de l'art Pierre Vaisse s'est même fendu d'une tribune dans la presse à ce sujet, s'étonnant d'une telle nomination. Joint par la RTS, il ajoute que la candidate retenue a très peu publié et qu'elle travaillait dans une institution relativement mineure. Il assure également connaître plusieurs candidats malheureux au poste: des candidatures locales, de valeur, connaissant les collections du MAH et dont l'une au moins était spécialiste des arts appliqués.
Les doléances du personnel remontent
La RTS a par ailleurs eu confirmation par des collaborateurs du musée d'un climat général de malaise: manque de consultation pour les décisions stratégiques, manque de reconnaissance des compétences, déficit de management généralisé…
La Commission du personnel de la Ville de Genève a même été saisie il y a deux semaines des doléances du personnel du MAH. Ces dernières devraient être prochainement portées jusqu'à l’autorité politique.
L'exécutif communal interpellé
Le sujet a d'ailleurs déjà rebondi au sein de l'exécutif communal - qui avalise le engagements au MAH - avec une interpellation du conseiller municipal UDC Eric Bertinat. Dans sa question écrite, il demande des comptes sur les processus de recrutement du personnel dirigeant du musée. Notamment "sur la nomination de beaucoup de Français, alors que la Suisse regorge de talentueux spécialistes" dans les domaines concernés.
Eric Bertinat a reçu officiellement réponse mercredi. Mais cette dernière ne le satisfait pas du tout, a-t-il affirmé à la RTS. L'élu ne compte par conséquent pas en rester à ce stade dans ses démarches.
Des reproches infondés selon Sami Kanaan
Joint également par la RTS, le magistrat municipal en charge de la Culture Sami Kanaan estime que tous ces reproches sont sans fondement. Concernant les engagements, ils ont tous été avalisés à l'unanimité de comités de sélection respectant les règles.
Selon lui, les attaques qui continuent à pleuvoir sur le MAH sont le fruit de milieux proches des opposants au projet d'extension refusé par le peuple. Des attaques qu'il juge à la limite de l'acharnement.
Mathieu Cupelin/jzim