Samedi dernier encore, les raéliens ont donné une conférence sur le thème "Les extraterrestres ont créé l'humanité en laboratoire". Une autre réunion du même mouvement avait déjà eu lieu en fin d'année dernière. Le conseiller municipal d'Ensemble à gauche Stéphane Guex-Pierre s'en était ému dans une question adressée à l'exécutif municipal, rappelant que le règlement de location des salles de la Maison des associations proscrit les activités à connotation religieuse.
Il faut rappeler que cette dernière, même si elle n'est pas subventionnée, a bénéficié de fonds publics à sa création et la Ville de Genève est représentée à son conseil de fondation.
Usages dénoncés par certains élus
Les utilisateurs de cette institution phare de la gauche associative à Genève s'étonnent depuis quelques années déjà de certains usages qui sont faits des locaux. Le magistrat de la Ville Rémy Pagani se souvient ainsi d'avoir été choqué d'y voir des parties de poker. Une autre élue d'Ensemble à gauche, Magali Orsini, se souvient d'avoir dû interrompre une réunion de son groupe politique pour mettre fin aux hurlements provenant d'une salle voisine où des gens semblaient en transe et en plein rituel religieux.
La RTS a également eu confirmation qu'il est même question de créer un lieu pour les ablutions liturgiques, ce qui peut paraître surprenant pour un lieu censé proscrire les activités religieuses.
Des organismes légaux en Suisse
Jacques Stitelmann, président de la fondation qui chapeaute l'institution, ne nie pas l'existence de ces activités, mais il ne souhaite pas s'exprimer dans le détail. Il souligne que la Maison des Associations n'a pas à interdire ses locaux à des organismes légalement autorisés en Suisse - même ceux qui seraient illégaux ailleurs comme les raéliens ou une association appelant au boycott d'Israël.
Il fait par ailleurs une distinction entre les cultes religieux, qui sont effectivement proscrits, et les rituels associés aux pratiques spirituelles qui, elles, sont tolérées.
La survie de la Maison des associations en jeu
A propos de la situation financière, Jacques Stitelmann reconnaît que - dans les conditions actuelles - la survie de l'institution est menacée dans les prochains mois. En cause: l'emprunt de 3,6 millions contracté pour faire naître les lieux. La direction ne parvient à rembourser que 215'000 francs sur les 250'000 qu'elle est censée payer chaque année.
Mais des mesures sont en cours pour remédier à cette menace de faillite. La direction a négocié un nouvel emprunt, à des conditions beaucoup plus favorables. Elle a demandé le cautionnement de la Ville de Genève et du canton - les deux propriétaires des lieux.
Rémy Pagani a également affirmé à la RTS qu'il est favorable à ce que la Ville rachète les superficies qui appartiennent à l'Etat. Enfin, la direction admet un besoin d'améliorer les recettes tirées de ses locaux grâce à un meilleur travail de promotion. C'est donc l'avenir même de la Maison des associations qui se dessinera dans les semaines à venir.
Mathieu Cupelin/oang