Dans un rapport élaboré à la demande des autorités genevoises et que la RTS a pu se procurer, le responsable médical de Curabilis, Panteleimon Giannakopoulos, repense intégralement le suivi psychiatrique en milieu pénitentiaire.
Ce rapport met la priorité sur les jeunes délinquants de 18-25 ans, sur qui un programme thérapeutique et comportemental a le plus de chances de porter ses fruits.
La mesure phare vise à la création d'une équipe mobile de quelques thérapeutes au sein de Curabilis, la prison chargée d’accueillir des détenus souffrant de troubles psychiques venus de l’ensemble des cantons romands, tout comme à Champ-Dollon ou à la Brenaz.
Problème de la radicalisation
Le Professeur Giannakopolous préconise surtout de cibler les détenus en exécution de peine, dans le but de réduire le risque de récidive dans une population de délinquants fragiles. Pas uniquement donc chez ceux souffrant de troubles psychiques ou de la personnalité.
Ce cadre permettrait d'empoigner le problème de la radicalisation. Pour l’instant, selon les informations de la RTS, hormis à part un cours de sensibilisation pour les gardiens, rien n’est fait en matière d’encadrement pour les détenus radicalisés. Seuls les menaces ou actes délictueux sont pris en comptes, dénoncés à la police, voire au Ministère public
Un retard romand
Le meurtre de la sociothérapeute Adeline en 2013 par un détenu de la Pâquerette avait provoqué une remise en question globale du système. Le rapport du professeur Giannakopoulos met toutefois en évidence un grand retard à Genève, par rapport à la Suisse alémanique. La nouvelle structure comprendrait aussi des foyers sécurisés nécessaires pour assurer la transition vers le milieu ouvert.
Le rapport règle également la question de la gouvernance en privilégiant un rattachement de toute cette structure au Département de la sécurité, actuellement dirigé par Pierre Maudet. Le responsable de cette nouvelle structure dite de Psychiatrique forensique aurait une large indépendance avec reconnaissance de sa mission médicale au sein de ce département.
C’est le double tutorat Santé-Sécurité qui avait été désigné comme responsable immédiat dans les cafouillages, à l’origine du drame de la Pâquerette. Aujourd’hui, la question se repose pour Curabilis. Formellement sous la responsabilité du pénitentiaire, l’accompagnement dépend encore de l’hôpital, ce qui occasionne quasi quotidiennement des tensions au sein de l’établissement depuis son ouverture voici deux ans.
Statu quo insuffisant
Le rapport met en garde contre le statu quo, clairement insuffisant face aux enjeux en perspective. La balle est désormais dans le camp des autorités. Et selon les informations de la RTS, une séance de discussion est prévue cette semaine réunissant notamment les magistrats en charge de la sécurité Pierre Maudet et de la Santé Mauro Poggia.
Les questions qui pourraient poser problèmes tiennent évidemment à la gouvernance, ainsi qu’au coût. Selon la RTS, l’estimation globale pour le fonctionnement serait de quatre millions environ, dont deux millions pour la cellule chargée de cibler la récidive chez les jeunes délinquants.
Laetitia Guinand