La maison close souhaitait profiter de l'Euro pour faire sa publicité. "Chez nous, toutes les passes sont réussies", promet sa nouvelle campagne, dont le slogan est accompagné par une femme dessinée sous la forme d'un schéma tactique sur un terrain de football.
Jugées dégradantes pour l'image de la femme, les nouvelles affiches du salon érotique ont été interdites début juin par la Ville de Genève, comme l'a révélé Le Matin Dimanche. Pourtant, cette publicité est diffusée sur les écrans géants de la fan zone de Plainpalais, au coeur de la ville.
Des Genevois, dérangés par cette annonce, ont déposé le 12 juin une plainte à l'encontre du salon auprès de la Commission suisse pour la loyauté, une autorité extra-judiciaire en matière de publicité. Problème: le cas devrait être traité mercredi, mais une décision définitive n'interviendra pas avant fin août, bien après la fin de l'Euro.
Flou juridique
L'organisateur de l'événement Frédéric Hohl indique n'avoir reçu aucune plainte de son côté. Il ne se dit pas personnellement choqué par cette "gentille publicité", même dans le contexte familial de la fan zone. "Les enfants ne la comprennent pas", assure le député PLR. Et de préciser: "Si je reçois une lettre d'interdiction de la Ville ou du canton, je l'enlève tout de suite."
Frédéric Hohl n'est toutefois pas près de recevoir une telle missive. Sur fond de flou juridique, la Ville et le canton se renvoient la balle. Et aucun ne semble enclin à intervenir.
Pour la Ville de Genève, qui a attribué l'organisation de la fan zone à la société de Frédéric Hohl, une éventuelle intervention devrait venir du canton, puisque l'événement a été déclaré d'importance cantonale par le Conseil d'Etat.
Un cas "pas imaginé" dans la loi
Quant au canton, il explique que les publicités relèvent normalement de la compétence de la Ville. Mais, comme il s'agit d'une manifestation temporaire culturelle ou sportive, la loi sur les procédés de réclame ne s'applique pas. L'organisateur peut donc diffuser ce qu'il veut, y compris une publicité pour une maison close. "Ce cas n'a probablement pas été imaginé par le législateur au moment d'écrire la loi", constate une juriste du canton.
Que se passerait-il alors si les écrans géants de Plainpalais affichaient des femmes nues ou des appels à la violence? Le canton pourrait uniquement agir en cas d'"atteinte grave à l'ordre public", en activant la clause générale de police.
Valentin Tombez