Tout reprendre à zéro et n'exclure aucun scénario, y compris un déménagement du musée hors de ses murs historiques. Tel est le programme dévoilé lundi par la Ville de Genève au sujet de l'avenir du Musée d'art et d'histoire, dont les citoyens avaient refusé le projet d'extension fin février.
A la co-présidence du comité d'experts, présenté ce matin, on retrouve Jacques Hainard. Cet ethnologue neuchâtelois reconnu avait déjà été appelé à la rescousse à Genève il y a dix ans, quand il s'agissait de redonner un élan au Musée d'ethnographie qui avait lui aussi subi un échec dans les urnes.
Consultation de tous les milieux
L'autre co-président du comité d'experts est le directeur du Musée international de la Croix-Rouge, Roger Mayou. Les deux hommes connaissent donc très bien le contexte genevois. Mais la commission d'orientation comptera également des experts externes, directeurs de musées suisses ou étrangers, dont le président-directeur du Louvre Jean-Luc Martinez.
Dès cet automne, la commission d'experts commencera par consulter. "On va écouter tous les milieux, de tous les bords", a promis Jacques Hainard, y compris les défenseurs du patrimoine qui ont joué un rôle important dans l'échec du projet Nouvel.
La commission d'orientation devra ensuite déposer un projet muséal pour juin 2018. Ce projet identifiera les besoins du musée à partir de ses collections et de la manière dont on veut les présenter au public.
Déménagement pas exclu
D'après Sami Kanaan, le chef de la culture municipale, il n'est pas impossible que les experts préconisent une solution autre que celle de rester dans le bâtiment historique, puisque la marge de manoeuvre pour y toucher est très restreinte. Le magistrat voit mal cependant le musée quitter complètement son siège historique.
"La leçon du vote du 28 février est que tout partenariat public-privé doit être soumis à la plus stricte transparence", explique encore le conseiller administratif, revenant sur la levée de boucliers et la campagne émotionnelle qu'avait suscité l'implication du mécène Jean-Claude Gandur.
La question d'un partenariat public-privé sera aussi précisée dans le projet du comité d'experts. Ce projet servira à lancer un concours d'architecture à l'automne 2018. Selon le calendrier prévu, les travaux débuteront dans 5 à 6 ans. A noter qu'il s'agit là de l'agenda le plus optimiste, si le travail de consultation mené en amont permet d'éviter les habituelles batailles juridiques et référendums.
Mathieu Cupelin/kkub