"Nous sommes actuellement en discussion avec le secteur privé qui ne peut entrer que sur une base volontaire. Il va de soi que si Berne nous donne un petit coup de pouce pour étendre ce que nous faisons déjà pour l'administration cantonale, les régies publiques, mais aussi l'ensemble des entités subventionnées, ce serait très bien pour nos demandeurs d'emploi", a relevé Mauro Poggia, conseiller d'Etat genevois chargé du Département de l'emploi, des affaires sociales et de la santé, dans l'émission Forum mercredi.
L'élu observe également que "le secteur privé a conscience qu'il y a une crainte légitime de la population face à une concurrence en matière d'emploi au niveau de l'Union européenne."
"Je pense que le Brexit est l'expression d'une volonté d'un certain retour au protectionnisme et l'Union européenne serait bien inspirée de se rendre compte qu'il y a un mouvement dans ce sens, notamment dans des pays qui comme la Suisse sont particulièrement mis sous pression dans ce domaine", indique-t-il.
Prestations chômage suisses
Le conseiller d'Etat genevois insiste: "Il ne s'agit pas d'aller chercher ailleurs ce qu'on a sur place". Mauro Poggia estime "que si l'on applique ce principe jusqu'au bout, cela veut dire que lorsqu'on engage une personne dans l'Union européenne, c'est qu'on n'aura pas trouvé les compétences ici. La conséquence de ce raisonnement, c'est de dire que lorsque l'on n'a plus besoin de cette personne et qu'elle se retrouve au chômage et bien qu'elle bénéficie des mêmes prestations que nos chômeurs résidents."
Et de compléter sa vision en relevant que l'"on se rend compte aujourd'hui que nos travailleurs frontaliers - s'ils viennent travailler chez nous pour occuper des places qui ne peuvent pas être occupées par des résidents - lorsqu'ils perdent leur emploi se retrouvent à Pôle Emploi en France avec des prestations qui sont nettement moins favorables, alors même qu'ils se sont acquitté des cotisations qui étaient les mêmes que celles de nos résidents."
"Décharger les sécurités sociales de ces pays"
Mauro Poggia affine son raisonnement en relevant l'atout que cette démarche pourrait avoir dans le dossier avec l'Union européenne. "Je pense que ça serait une façon peut-être de faire en sorte que la France, l'Allemagne et l'Italie deviennent des alliés de la Suisse dans les négociations avec Bruxelles, puisque nous déchargerions de manière tout à fait logique et légitime les sécurités sociales de ces pays pour des travailleurs qui sont venus travailler chez nous, parce que notre économie en avait besoin.
"Notre économie doit pouvoir aller chercher les compétences là où elles se trouvent, il s'agit simplement d'un ordre de marche: on commence à regarder ici avant de regarder là-bas."
Milieux économiques favorables à la préférence indigène
Les milieux économiques ont fait savoir qu'ils étaient plutôt favorables à la solution de la préférence indigène à l'embauche comme issue face à l'UE après le vote du 9 février 2014. Cette solution pourrait s'imposer au Parlement.
Cette solution satisfait l'Union patronale suisse, qui ne veut pas d'un mécanisme uniforme pour toute la Suisse et pour tous les secteurs de l'économie.
>> Lire à ce sujet : La préférence indigène s'impose comme solution au vote du 9 février 2014
lgr
"Une plaisanterie", selon Christophe Reymond
Interrogé dans Forum jeudi, le conseiller national MCG Roger Golay appuie les propositions faites son collègue de parti, le conseiller d'Etat genevois Mauro Poggia.
"C'est une plaisanterie", a rétorqué Christophe Reymond, directeur général du Centre patronal vaudois, dans l'émission de la Première. Rappelant que le Conseil fédéral va adapter le système en privilégiant la solution de la préférence indigène à l'embauche.
Leurs propos dans l'émission Forum: