La directrice de la Pâquerette au moment des faits, en 2013, avait été convoquée pour témoigner vendredi après-midi au procès de Fabrice A.. Son désistement, pour raisons médicales, fait suite à celui d'une autre collaboratrice de l'établissement pénitentiaire aujourd'hui à la retraite.
La responsable de la Pâquerette, qui travaille toujours aux Hôpitaux universitaires de Genève, avait été l'objet d'une enquête administrative à la suite du meurtre d'Adeline. Elle avait finalement écopé d'un simple blâme. Une sanction jugée par certains trop légère qui avait suscité l'indignation des proches de la victime.
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Le rapport de la CEP toujours attendu
Cette sanction n'était d'ailleurs pas étrangère à la décision de mettre sur pied une commission d'enquête parlementaire (CEP), chargée par le Grand Conseil genevois de faire toute la lumière sur les responsabilités de l’institution et de l'Etat de Genève dans cette affaire.
Attendu en juin, le rapport de cette CEP a déjà été plusieurs fois reporté. Hormis les conseillers d'Etat Pierre-François Unger et Pierre Maudet, qui chapeautaient à l'époque la Pâquerette, le document pourrait justement pointer du doigt les manquements de la directrice de l'établissement, comme nous le révélions vendredi.
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Trois anciens collaborateurs à la barre
Ainsi, à ce jour, les seuls anciens collaborateurs de la Pâquerette qui devraient être entendus au procès sont au nombre de trois: Juan Poy, ancien compagnon d'Adeline, un ancien gardien - auteur d'un rapport personnel et confidentiel à ce jour à charge sur ce qui se passait à la Pâquerette -, et une ex-stagiaire envers laquelle Fabrice A. aurait eu un comportement particulièrement inadéquat.
Laetitia Guinand/dk
Rappel des faits
Le procès de Fabrice A., le meurtrier présumé d'Adeline, s'ouvre le 3 octobre et doit durer 10 jours. L'ancien détenu de la Pâquerette, 42 ans, devra répondre de l'assassinat de sa sociothérapeute. Il risque l'internement à vie.
En 2013, l'accusé, condamné à 20 ans de prison cumulés pour deux viols, avait obtenu la permission de faire une sortie thérapeutique accompagnée dans un centre équestre. Le but était de le préparer à une éventuelle libération conditionnelle.
Les responsables du manège n'ont jamais vu arriver Fabrice A. et son éducatrice. Au lendemain de sa disparition, Adeline, 34 ans, a été retrouvée égorgée, attachée à un arbre, dans un bois tout proche du centre équestre, à Bellevue (GE). L'accusé a été arrêté, après trois jours de traque, en Pologne, près de la frontière allemande.
Conséquences politiques
Le meurtre d'Adeline a secoué le monde politique. Une enquête administrative a rendu un rapport sévère.
La directrice du Service d'application des peines et des mesures (SAPEM) et la responsable du centre de sociothérapie de la Pâquerette se sont aussi retrouvées au coeur de la tempête.
Le Grand Conseil a également voté la création d'une commission d'enquête parlementaire qui rendra son rapport d'ici à janvier 2017.
L'établissement de la Pâquerette, dont la mission était de resocialiser les détenus souffrant de graves troubles de la personnalité, a été fermé après le drame.
Les détenus genevois et romands atteints de troubles psychiques purgent désormais leur peine à Curabilis. Ce nouvel établissement a été inauguré en avril 2014 à Puplinge (GE).
Les témoignages qui éclairent le procès de Fabrice A., meurtrier présumé d'Adeline
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Les témoignages qui éclairent le procès du meurtrier présumé Fabrice A.