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"En m'interdisant Exit, mes frères ne me sauvent pas la vie, ils me torturent"

Le reportage d'Infrarouge sur le suicide assisté
Le reportage d'Infrarouge sur le suicide assisté / Infrarouge / 2 min. / le 26 octobre 2016
L'octogénaire genevois empêché par ses deux frères de recourir à un suicide assisté, avec l'aide de l'association Exit, sort de son silence dans un courrier reçu par l'émission Infrarouge et révélé mercredi.

Dans ce qu'il présente comme "une brève mise au point" face au déferlement médiatique qui a entouré la décision de ses frères de suspendre son suicide, l'homme qui devait mourir le 19 octobre écrit: "il faut dire d'emblée que mes frères ne me sauvent pas la vie mais m'empêchent d'avoir un accompagnement en fin de vie harmonieux et paisible, entouré de personnes qui m'aiment. Littéralement ils me torturent. J'ai de la peine à comprendre ce qui a pu déclencher leur action".

Ses frères, Claude et Bernard, âgés de 70 et 81 ans, ont obtenu du Tribunal civil des mesures superprovisionnelles à l'encontre de l'association d'aide au suicide, avait révélé la Tribune de Genève le 14 octobre. Ils invoquaient alors un droit dont Exit "se prétend titulaire" et "susceptible d'entraîner un préjudice difficilement réparable". La justice avait alors décidé de suspendre le geste fatal afin de pouvoir entendre les parties.

Verdict dans trois mois

L'audience, qui a eu lieu lundi, a réuni les trois frères, dont l'aîné qui avait décidé de mourir, pendant une heure et demie à huis clos. Le Tribunal civil de Genève devra se prononcer sur la plainte des deux cadets contre Exit. Le verdict est attendu dans trois mois au maximum. Dans l'intervalle, l'interdiction faite à Exit de prescrire la potion létale à son membre reste valable.

"Malgré mes contacts mes démarches et mes efforts envers eux pour qu'ils retirent leur plainte ou leur appel à la justice je suis confronté à une sorte d'intégrisme", estime le candidat au suicide assisté qui aura 83 ans dans trois semaines dans le courrier adressé à Infrarouge.

"J'aimerais démentir: je ne suis pas dépressif et j'ai mon libre arbitre, je suis entouré de nombreux amis qui me comprennent et me respectent, y compris deux de mes soeurs", ajoute-t-il.

"Le sommet de la trahison"

Présent sur le plateau de l'émission de débat de la RTS, Claude, l'un des frères à l'origine de la plainte, a réagi à sa décision de mettre fin à ses jours, deux jours après avoir entrepris ensemble l'ascension du Salève. "Pour moi, le sommet de la trahison a été de délibérer lui-même de la date et du moment de sa mort. C'est une offense extrêmement violente."

Au nom de sa liberté de choix, il m'enlève ma propre liberté de réagir.

Claude, opposant au suicide assisté de son frère.

Quant à la torture évoquée par son frère aîné dans la lettre, Claude y voit "un indice très sérieux d'une souffrance psychique", résultant du deuil de son fils, il y a douze ans, puis de sa compagne, décédée il y a deux ans. Cette souffrance n'aurait pas été gérée, estime Claude, alors qu'un accompagnement et des soins auraient pu lui être octroyés.

>>Voir la réponse de Claude en vidéo:

Claude, opposé au suicide assisté de son frère: "Si il est ainsi exposé à une torture, elle est psychique et donc c'est un indice qu'il est vulnérable psychiquement"
Claude, opposé au suicide assisté de son frère: "Si il est ainsi exposé à une torture, elle est psychique et donc c'est un indice qu'il est vulnérable psychiquement" / Infrarouge / 1 min. / le 26 octobre 2016

jgal/fme/ctr

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