Guy Mettan devrait recevoir sa médaille lors d'une cérémonie à la Mission russe de Genève le 8 février. Député, journaliste et directeur du Club suisse de la presse, il est connu pour ses positions russophiles. Il a d'ailleurs signé récemment un livre où il dénonce la "russophobie" de l'Occident.
Il s'agit sans doute d'une des raisons qui lui valent cette distinction, appelée "l'Ordre de l'amitié", qui est attribuée par le président russe lui-même.
Demande trop tardive?
Le problème est que Guy Mettan aurait dû demander le feu vert du Grand Conseil pour pouvoir accepter cette distinction d'un gouvernement étranger. Car comme le stipule clairement la "loi portant règlement du Grand Conseil", un député ne peut pas accepter un titre, une décoration ou de l'argent d'un gouvernement étranger sauf autorisation expresse donnée par le Grand Conseil.
Or jusqu'ici, Guy Mettan n'a pas fait de demande en ce sens. Et c'est le président du Grand Conseil lui-même, Jean-Marc Guinchard, qui a contacté Guy Mettan pour lui rappeler la loi, quand il a eu connaissance de la future cérémonie évoquée samedi dans la "Tribune de Genève".
Mais même si Guy Mettan lui soumet une demande d'autorisation dès lundi comme il s'est engagé à le faire, on voit mal comment le Parlement pourrait délivrer son feu vert à temps, puisqu'il ne siégera pas en plénum avant le 23 février.
Malaise au sein du PDC
Accepter une médaille attribuée par le Kremlin dans le contexte actuel heurte également plusieurs parlementaires. A l'instar du député d'Ensemble à gauche Pierre Vanek, qui s'insurge qu'un élu suisse puisse accepter une récompense d'un régime qu'il considère comme "peu recommandable" quant au respect des droits démocratiques.
Même au sein du PDC, le parti de Guy Mettan, on semble loin de se réjouir de cet honneur fait à l'un des siens. Le président du PDC Genève Bertrand Buchs souligne que le parti ne partage pas les positions de son député sur la Russie.
Quant à Jean-Marc Guinchard, président du Grand Conseil, il a effectué des recherches sur le sujet et a trouvé un cas précédent de député décoré par un gouvernement étranger. Il s'agissait d'un élu du Parti du travail que la France voulait faire Chevalier des arts et des lettres, dans les années 1980. Le Parlement avait alors refusé de donner son accord et l'élu avait finalement préféré démissionner du Grand Conseil plutôt que de renoncer à la distinction.
De son côté, Guy Mettan, a indiqué qu'il s'apprête à saisir le Grand Conseil d'une demande d'autorisation. Pour le reste, il souhaite d'abord avoir un échange avec les représentants russes qui doivent lui remettre la distinction avant de répondre plus en détail dans les médias.
Mathieu Cupelin/lan