L'affaire avait suscité l'indignation et la colère de tout le village d'Avully, à Genève. Le 9 décembre, une quinzaine de policiers emmenaient de bon matin la famille Krasniki à l'aéroport de Genève-Cointrin.
Sans aucune détention administrative et en moins de deux heures, les parents et leurs trois enfants en bas âge étaient placés à bord d'un vol spécial, destination le Kosovo, après six ans vécus en Suisse.
Traumatisme
Cet épisode a causé un traumatisme profond, notamment chez les enfants et la mère de famille. Pour cette dernière, le vol de retour a été particulièrement éprouvant. Elle s'est évanouie à deux reprises et a été mise sous calmant en vol. Elle a dû sortir de l'avion en chaise roulante.
Sous le choc, la famille Krasniki tente aujourd'hui de se reconstruire dans son pays d'origine. Mais les raisons pour lesquelles ses membres avaient demandé l'asile en Suisse demeurent inchangées.
Ostracisme
Ostracisé par la communauté albanaise en tant que Roms, le couple Krasniki a également été mis à l'écart par son propre camp qui n'accepte pas cette union.
La peur est omniprésente dans l'appartement où Shpresa et Nexhdet vivent désormais confinés. Leurs trois enfants - Elmirand, Elmedine et Bute - ne vont pas à l'école et n'ont aucun ami avec qui jouer.
Espoir et solidarité
Sans travail ni ressources, arrivée au Kosovo avec 400 francs en poche, la famille Krasniki survit aujourd'hui grâce à la solidarité de ses amis d'Avully, qui ne les oublient pas. Sans leur aide, la situation serait critique.
Une "envoyé spéciale" du village genevois leur apporte également des documents à signer. Le but: déposer un recours auprès de la Cour européenne des droits de l'homme.
Reportage de Myriam Gazut / Stefan Renna