En dix ans, le nombre de passagers à l'aéroport de Genève est passé d'un peu plus de 9 millions en 2005 à 16,5 millions en 2016. Cette croissance suscite l'inquiétude des riverains et une initiative pour inciter les autorités cantonales à mieux maîtriser le développement de Cointrin vient d'aboutir.
"Cela exprime une volonté de débat avec les habitants de la région sur le rôle et le développement de l'aéroport", a réagi le patron de l'Aéroport international de Genève André Schneider dans le Journal du matin de la RTS.
"Il ne faut pas mélanger la prévision pour 2030 - que l'on ne peut pour le moment pas confirmer - et le développement réel. La prévision pour l'augmentation des mouvements d'avion, par exemple, est moindre", a-t-il souligné.
Grogne contre le bruit
Les initiants aimeraient notamment interdire les vols entre 23h-6h, afin de limiter les nuisances.
André Schneider, qui se dit ouvert au compromis, souligne toutefois que des mesures sont à l'oeuvre, notamment à travers le plan sectoriel d'infrastructure aéronautique, qui prévoit d'introduire une "enveloppe de bruit" à ne pas dépasser dans les années à venir. Certaines compagnies, comme Swiss ou EasyJet, on également commencé à renouveler leur flotte pour des avions plus silencieux.
"Il faut trouver l'équilibre entre la limitation des nuisances et le développement nécessaire de l'aéroport, dont l'apport est de 7,2 milliards de francs par année et dont découlent 44'000 emplois pour la région", a-t-il déclaré.
Près de la moitié des vols opérés par EasyJet
Elément majeur du développement de l'aéroport, l'essor des vols à bas coût: Easyjet opère actuellement 43% des vols à Cointrin. Cette dépendance peut-elle être dangereuse à terme?
"Au contraire, Genève est dans une position plus équilibrée que les autres aéroports internationaux suisses, avec la prépondérance de Swiss à Zurich ou d'EasyJet à Bâle", répond André Schneider.
"Beaucoup d'autres plateformes ont entre 60 et 90% d'une seule compagnie aérienne. Le développement initial des aéroports est souvent passé par le développement d'une seule compagnie, souvent nationale ou, comme à Londres-Luton, autour d'une compagnie low-cost", ajoute-t-il.
EasyJet offre aujourd'hui un nombre important de liaisons nécessaires pour le développement de Genève
Et si EasyJet venait à se retirer? "Cela serait un vrai problème", admet-il.
Mais il n'imagine pas un tel scénario. "Ce ne sont pas les compagnies aériennes qui viennent parce que Genève est jolie, mais parce que nous avons des passagers qui veulent prendre certaines connexions. Nous sommes ainsi une plateforme attractive car nous offrons une clientèle assidue", conclut André Schneider.
jvia
Swiss à la peine à Genève
Malgré le développement de l'aéroport, la base genevoise de Swiss, redéployée en 2012, connaît des problèmes de rentabilité. La compagnie a déjà réajusté son horaire, mais sera-t-elle contrainte à redimensionner ses activités à la baisse? Voire quitter Cointrin?
"Il n'y a aucune assurance qu'une compagnie aérienne ne rencontre pas de problème. Mais même si ce n'est pas du tout ce que nous espérons, comme il y a une demande pour ces liaisons, une autre compagnie viendrait les opérer", estime André Schneider.
Pas d'interdiction des ordinateurs en cabine
L'interdiction des ordinateurs et tablettes électroniques en cabine imposée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne sur certains vols en provenance de pays arabes et de Turquie, est entrée en vigueur samedi. Interrogé, André Schneider assure qu'aucune mesure particulière ne sera prise au départ de Genève.
"Notre régulateur, l'Office fédéral de l'aviation civile (OFAC), a procédé à une analyse et a décrété qu'il n'y avait pas de nécessité à appliquer la mesure pour les vols au départ de Genève", explique-t-il.
André Schneider estime toutefois que, dans le contexte sécuritaire mondial actuel, "on ne peut pas être totalement rassuré que ce genre de mesures soient prises".