La dernière expertise sur des dépôts de munitions par une entreprise privée, Hispano-Suiza, et l'armée dans le Léman date de 2002, indique le quotidien genevois. A l'époque le thème des munitions immergées dans certains lacs n'a pas encore surgi sur la scène nationale.
Le canton avait alors demandé un état des lieux à l'Office fédéral de l'armement (ArmaSuisse). Quelques prélèvements avaient été effectués dans l'eau et les sédiments d'une zone de 11,6 kilomètres carrés entre Cologny et Bellevue (lire encadré). Et selon les conclusions, il n'y aurait pas de risque pour l'environnement, ni de diffusion de polluants ni de trace d'explosif ou autre substance nocive, résume la Tribune de Genève.
Le rapport relève également que l'accumulation de vase tend à ensevelir les déchets, qu'un repêchage entraînerait des risques supérieurs au statu quo, tant pour l'écosystème lacustre que pour l'approvisionnement en eau potable.
Aucune surveillance
Seul hic relevé par le journal: depuis cette expertise, plus rien. Alors qu'ArmaSuisse a depuis été chargé d'assurer une surveillance des munitions immergées à 200 mètres de fond dans le lac de Thoune, aucune trace de surveillance ni de prise en charge de cette thématique n'est identifiée dans le Léman où les déchets sont pourtant plus près de la surface, à 20 ou 50 mètres de profondeur.
"La législation n'aide pas les autorités dans ce domaine: s'il y a des marches à suivre en Suisse lors de pollutions terrestres, aucune procédure n'y est formalisée pour des cas lacustres", note Stéphanie Girardclos, maître de conférences en sciences de la Terre à l'Université de Genève, citée dans l'article. Pour elle toutefois, il ne fait aucun doute: "On ne peut pas se prononcer sur les déchets sans avoir fait le tour complet de la question".
Or, aucune étude extensive n'a été menée dans le Petit-Lac, on ignore la localisation exacte et la quantité réelle des munitions qui demeurent immergées. Dès lors, conclut la chercheuse, réaliser à cet endroit des travaux géants comme ceux qu'impliquerait la traversée de la Rade "serait en l'état déraisonnable".
>> Sujet traité dans la Revue de presse sur La Première
jgal
Des zones aux contours imprécis
Le rapport rendu en 2002, cité par la Tribune de Genève, fait état d'une présence "certaine" dans une vaste zone de 11,6 kilomètres carrés au large de Cologny et de Bellevue (où passerait la traversée du lac) et de "faible probabilité" dans la seconde zone identifiée qui couvre 8 kilomètres carrés au large d'Anières. Ces deux zones compteraient également 150 à 1000 tonnes de munitions immergées par l'entreprise Hispano-Suiza.
Enfin, entre 1000 et 10'000 cartouches auraient été jetées par l'armée dans le lac à un endroit inconnu. Cette pratique, auparavant courante, est interdite depuis 1972 par une convention internationale.