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La prison genevoise de "Champ-Dollon est devenue un pôle carcéral"

Christophe Vuilleumier. [papers-etc.ch]
L'invité de la rédaction - Christophe Vuilleumier / Le Journal du matin / 17 min. / le 7 juin 2017
Alors que la prison genevoise souffle cette année ses quarante bougies, l'historien Christophe Vuilleumier souligne que "Champ-Dollon est devenue un pôle carcéral" avec le développement de nouveaux établissements autour d'elle.

"Ces nouveaux établissements gravitent autour du bâtiment historique de Champ-Dollon", observe Christophe Vuilleumier, invité mercredi du Journal du matin sur RTS La 1ère. On pense à la prison de La Brenaz, dont l'extension a été ouverte à l'automne 2015, à l'établissement de la Favra, devenu un centre de détention administrative en 2013, ou encore à Curabilis, inauguré en 2014, et qui prend en charge les détenus souffrant de troubles psychiques.

Pour Christophe Vuilleumier, la surpopulation qui frappe Champ-Dollon est "endémique". L'historien suisse explique le phénomène par la pratique judiciaire et la criminalité en tant que telle. "Le canton de Genève a une place un peu à part avec un taux de criminalité un peu supérieur par rapport au reste de la Suisse", ajoute-t-il.

Evolution du métier de gardien

Christophe Vuilleumier, qui publie cette semaine l'ouvrage "Champ-Dollon: Les 40e rugissants 1977-2017" avec le dessinateur Patrick Tondeux, revient aussi sur l'évolution du métier de gardien au cours des dernières décennies. "C'est plus difficile pour eux aujourd'hui à cause de la surpopulation, dit-il. La courbe de progression du nombre de gardiens n'évolue pas forcément de manière symétrique avec celle du nombre de détenus."

Avant Champ-Dollon, il y avait la prison de Saint-Antoine. "Lorsqu'elle a fermé, on disait que les gardiens étaient très proches des détenus, raconte Christophe Vuilleumier. Ils se tutoyaient. Le gardien était à la fois le surveillant, mais également le psy et l'éducateur." Les choses ont changé. Aujourd'hui, le gardien est un "fonctionnaire qui fait excellemment bien son travail". Et l'historien de conclure: "Il ne peut plus avoir ce rapport qu'il avait jadis."

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Le nombre de suicides inquiète

Un détenu a mis fin à ses jours lundi dernier dans sa cellule de Champ-Dollon. En moyenne, huit détenus se donne la mort chaque année en Suisse. Un chiffre constant. On compte une centaine de décès depuis 2003. En cause: la surpopulation carcérale, la fragilité psychologique ou encore le stress.

Pour Irina Inostroza, chargée de projet à l'association Stop Suicide, il faudrait mettre l'accent sur la prévention. "Les liens sociaux à l'intérieur des prisons devraient être renforcés", prône-t-elle dans le Journal du matin (voir-ci dessous).