L'élu Vert participe jeudi à une table ronde sur le droit de vote des étrangers intitulée "J'y vis, j'y vote: 12 ans après". "J'y vis, j'y vote" était le nom du projet porté par Antonio Hodgers et son collègue Pierre Maudet qui proposait deux initiatives soeurs. L'une prévoyait le droit d'éligibilité au niveau communal pour les étrangers établis en Suisse depuis plus de 8 ans. La petite soeur - qui a finalement été acceptée - se limitait au droit de vote pour ces personnes.
Alors que les cantons de Neuchâtel et du Jura accordent le droit de vote aux étrangers au niveau cantonal, Genève semble à la traîne. "Les forces conservatrices ont pris leurs quartiers de manière beaucoup plus importante et forte. Et, à ce niveau-là, le débat est resté un peu en panne ces 12 dernières années", a analysé Antonio Hodgers dans La Matinale de la RTS.
Constat d'échec pour la Suisse
Le conseiller d'Etat d'origine argentine a également constaté un manque d'engouement de le part des immigrés pour le passeport à croix blanche: "Sur l'ensemble des étrangers qui habitent dans ce pays depuis plus de 12 ans et qui remplissent les critères objectifs de naturalisation - pas de casier judiciaire, domicile légal, activité professionnelle - seuls 2% environ font le choix de se naturaliser. Cela veut dire que le passeport suisse n'est pas très intéressant pour eux."
Cette indifférence s'explique, selon Antonio Hodgers, par l'exigence du processus de naturalisation, par son aspect "un peu humiliant", mais, surtout, par un malentendu entre Suisses et immigrés: "Ce malentendu date depuis un moment. Une grande partie des Suisses pensent qu'ils sont bien généreux et bien sympathiques de permettre à ces étrangers de venir travailler chez eux. Et l'étranger s'estime reconnaissant de travailler ici, mais ne s'estime pas vraiment accueilli au sein de l'Etat-nation, au sens identitaire."
Alors qu'aux Etats-Unis les enfants (immigrés) sont prêts à mourir pour leur pays d'accueil, en Suisse, les secundos peinent à soutenir ne serait-ce que l'équipe nationale de football
Et de citer l'exemple des Etats-Unis: "Dès la première génération, ou en tout cas la seconde génération, les enfants se sentent tellement appartenir au pays que non seulement ils prennent le passeport américain, mais sont prêts à s'engager dans l'armée et à mourir pour leur pays d'accueil. Alors qu'ici, les secundos peinent à soutenir ne serait-ce que l'équipe nationale de football."
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Propos recueillis par Romain Clivaz
Texte web: hend