Ils sont toujours plus nombreux à briguer l'un des 100 sièges du Grand Conseil ou l'un des sept fauteuils du gouvernement. Cette année, un record de 623 personnes - réparties sur 13 listes - sont sur les rangs pour le législatif, 31 pour le Conseil d'Etat, selon les données publiées par la Chancellerie.
Un paysage politique fragmenté, des alliances fragiles sinon perdues et des querelles intestines pourraient bousculer les rapports de force actuels. Tour d'horizon des ambitions, en particulier gouvernementales, des partis en lice.
- PLR: un partant, combien d'entrants?
Qui pour remplacer le PLR François Longchamp? Après trois mandats au gouvernement, le chef du Département présidentiel est le seul des sept conseillers d'Etat sortants à ne pas se représenter. Le Parti libéral-radical (PLR) peut compter sur sa locomotive déjà en place Pierre Maudet, encore auréolé d'un score honorable dans la course au Conseil fédéral face à Ignazio Cassis, pour conserver l'acquis. Le chef du Département de la sécurité et de l'économie est épaulé par deux colistiers, tous deux députés, en les personnes de Nathalie Fontanet et Alexandre de Senarclens pour conserver le deuxième siège PLR... voire espérer retrouver le troisième fauteuil perdu en 2013.
Car le PLR, après avoir chuté de sept sièges au Grand Conseil pour en occuper 24 sur 100 aujourd'hui, affiche ses ambitions: rester la première force du canton et remporter six fauteuils de plus au Parlement.
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- PDC: préserver l'acquis
Du côté de l'allié du PLR au sein de l'Entente bourgeoise (droite), le Parti démocrate-chrétien (PDC) lance ses deux sortants dans la bataille en vue de décrocher un deuxième mandat chacun au Conseil d'Etat: Serge Dal Busco et Luc Barthassat. Considéré comme "surreprésenté" au gouvernement au vu de ses dix* députés au Grand Conseil, le PDC espère garder ses deux sièges malgré la discrétion du chef du Département des finances et les propos souvent jugés à l'emporte-pièce de celui de l'Environnement, des transports et de l'agriculture (écouter ci-contre) qui risquent de leur faire perdre des voix.
Le PDC s'est aussi fixé un objectif chiffré pour le législatif: atteindre 17% des voix et 15 sièges.
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- MCG: quel impact de GEM?
La principale inconnue du scrutin tient encore - et comme souvent depuis sa création en 2005 - au score du Mouvement citoyens genevois (MCG). Dans quelle mesure le parti populiste, deuxième force du canton derrière le PLR avec 15 sièges sur 100 au Grand Conseil, va-t-il résister à la concurrence directe de son fondateur Eric Stauffer et de sa nouvelle formation Genève en marche (GEM), en course aussi bien pour l'exécutif que pour le législatif? Et son alliance in extremis avec l'UDC lui sera-t-elle bénéfique, elle qui fait grincer des dents à l'interne tant du MCG que de l'UDC?
Si le bilan du conseiller d'Etat MCG Mauro Poggia à la tête du Département de l'emploi, des affaires sociales et de la santé est globalement salué, la polémique née de ses propos sur les revenus des médecins pourrait lui faire perdre des points. Mais le talon d'Achille du candidat réside avant tout dans l'affaiblissement de son parti, lâché par le charismatique Stauffer et quelques anciennes figures emblématiques du MCG. Le mouvement n'en lance pas moins deux candidats en plus du sortant pour le 1er tour: la présidente Ana Roch et le député Daniel Sormanni.
>> Lire : Le MCG lance un ticket à trois à la conquête du Conseil d'Etat genevois
- PS: concurrence à l'interne
Seule représentante du Parti socialiste et seule femme du Conseil d'Etat, Anne Emery-Torracinta est lancée dans une course risquée pour un deuxième mandat. Chahutée au sein-même du corps enseignant pour son bilan à la tête du Département de l'instruction publique, de la culture et du sport, et attaquée pour sa gestion des crises liées à l'affaire Ramadan et à la suspension de sa secrétaire générale, la magistrate est aussi concurrencée par deux colistiers de poids: les conseillers administratifs Sandrine Salerno (Ville de Genève) et Thierry Apothéloz (Vernier). Si les socialistes peuvent envisager retrouver un deuxième siège - objectif affiché par le parti - reste à savoir si les électeurs vont accorder "la prime à la sortante" ou porter un challenger au gouvernement.
Quant à ses ambitions pour le législatif, le PS souhaite "davantage d'élus" que ses 15 députés actuels.
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- Les Verts: opération reconquête
Les Verts espèrent aussi regagner leur second siège perdu en 2013. Statuts obligent, une candidate était requise pour accompagner le sortant Antonio Hodgers sur la liste. Les délégués écologistes ont ainsi désigné la présidente du parti en Ville de Genève Marjorie de Chastonay... et le conseiller administratif de Vernier et ancien président des Verts cantonaux Yvan Rochat pour constituer un ticket à trois.
Principales victimes des élections de 2013 avec une chute de quelque 6% des voix, les Verts devraient voir leur députation gagner des points au printemps. C'est du moins ce que veut croire leur président Nicolas Walder en annonçant son objectif: 14% des voix (+5%).
>> Lire : Les Verts lancent trois candidats au Conseil d'Etat à Genève
- UDC et EAG: exister au Grand Conseil en priorité
Forte de ses dix sièges au Grand Conseil, l'Union démocratique du centre (UDC) est une actrice qui pèse sur le législatif, à défaut de décrocher des sièges dans les exécutifs cantonaux. En 2018, pour tenter de vaincre le signe indien, la liste pour le Conseil d'Etat est tirée par Yves Nidegger. Le conseiller national est accompagné de deux colistiers: les députés sortants Thomas Bläsi et Stéphane Florey.
>> Lire : L'UDC Genève lance un ticket à trois candidats pour le Conseil d'Etat
De l'autre côté de l'échiquier, Ensemble à gauche (EAG) - regroupant Solidarités, Parti du travail (PDT) et Défense des aînés, des locataires de l'emploi et du social (DAL) - a également envoyé trois candidats au front pour accéder au Conseil d'Etat: les députées Jocelyne de Haller et Salika Wenger, ainsi que de Jean Burgermeister.
La coalition EAG mise sur ses valeurs "combatives" pour franchir la barre des 7% (quorum), voire faire mieux qu'en 2013 où elle avait réalisé près de 8,8% des voix et décroché 8 sièges. Mais EAG pourrait aussi être victime de ses querelles internes qui ont notamment conduit le secrétaire de Solidarités Pablo Cruchon à abandonner la course au Conseil d'Etat la veille du délai de dépôt des listes.
>> Lire : Le parti genevois Solidarités secoué par des tensions et une enquête interne
- Et aussi...
Plus marginales ou nouvelles arrivées sur la scène politique cantonale, plusieurs formations ont encore déposé leurs listes pour l'une et ou les deux instances, avec des chances moindres d'obtenir le quorum et des sièges.
C'est le cas de la Liste pour Genève, emmenée par deux députés sortants issus du Parti radical de gauche et de La Gauche qui compte concurrencer EAG à la gauche de la gauche.
>> Lire : La Liste pour Genève lance deux candidats pour le Conseil d'Etat
Les Vert'libéraux ont déposé une liste en espérant atteindre le quorum, ce qu'ils n'avaient pas réalisé en 2013. Le Parti bourgeois démocratique (PBD) lance aussi des candidats, deux pour le gouvernement, une quinzaine pour le Grand Conseil.
S'ajoutent une liste 100% femmes et hors partis, ainsi qu'une quinzaine de candidats sous la bannière Egalité et équité. Quant au Parti pirate genevois, il a renoncé à déposer une liste avant le délai de dépôt le 5 février.
Quelques francs-tireurs sont engagés dans la course au Conseil d'Etat: le viticulteur Willy Cretegny en "candidat de combat" pour une "prospérité maîtrisée", Paul Aymon en solo sur sa liste "Santé!" et Axel Amberger avec son parti "De rien pour arriver à pas grand chose".
Guillaume Arbex
*Lors des élections de 2013, le PDC avait obtenu 10,6% des voix et 11 sièges, mais un député a fait défection.
Les modes de scrutin
Le Grand Conseil compte 100 députés élus au système proportionnel: les sièges sont d’abord répartis entre les différentes listes proportionnellement au nombre de suffrages obtenus, puis, au sein de chacune d’entre elles, attribués aux candidats ayant obtenu le plus de suffrages nominatifs.
Le Conseil d'Etat compte sept membres, dont un président - aujourd'hui le PLR François Longchamp -, élus au suffrage majoritaire: les candidats doivent obtenir la moitié des bulletins valables plus une voix. Si moins de 7 candidats remplissent ces conditions, un second tour est organisé trois semaines après le premier afin d’attribuer les sièges restants, à la majorité simple. Ce second tour se tiendrait le 6 mai.
Les députés et ministres élus entreront en fonction le 1er juin 2018 pour un mandat qui s’étendra jusqu’au printemps 2023.
La répartition des sièges de la législature 2013-2018
Conseil d'Etat
Luc Barthassat (PDC)
Serge Dal Busco (PDC)
Anne Emery-Torracinta (PS)
Antonio Hodgers (Verts)
François Longchamp (PLR)
Pierre Maudet (PLR)
Mauro Poggia (MCG)
Grand Conseil
PLR: 24
MCG: 15
PS: 15
PDC: 10
Verts: 10
UDC: 10
EAG: 8
Hors-parti: 8