La grève menée par le groupe genevois des chirurgiens de la main, qui protestent contre le nouveau tarif Tarmed en vigueur depuis début janvier pour le remboursement des prestations ambulatoires, est "une première sous ce format-là", confirme Dominique Sprumont, directeur adjoint de l'Institut de droit de la santé à l'Université de Neuchâtel et vice-directeur de l'école suisse de santé publique, invité vendredi de La Matinale de la RTS.
Il juge surprenant que "des médecins libéraux" soient "en contradiction avec leur engagement symbolique, leur responsabilité sociale" en prenant "des patients en otage".
Il évoque la remise en cause d'un principe éthique majeur: "ne pas nuire à son patient". Pour lui, "ce type d'action n'est pas dans l'intérêt du patient en souffrance", que l'on refuse d'opérer "pour des raisons syndicales, financières'".
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Le médecin, un acteur économique
Dominique Sprumont souligne toutefois le fait que le médecin est un acteur économique comme un autre, qui se bat pour ses conditions de travail: "on donne le sentiment dans la LAMal que tout est négocié, que tout est négociable. Mais le point de départ, c'est qu'on annonce à un corps professionnel qu'on va lui faire baisser son salaire".
Il rejette aussi l'idée que certaines opérations sont surévaluées. "On ne peut pas parler d'une seule médecine, il y a DES médecines. La problématique de ces chirurgiens est très différente de celle des pédiatres, par exemple. Il est important de rationaliser et de s'assurer qu'il y a le moins possible de pertes d'argent".
Mais Dominique Sprumont peine à voir une action citoyenne dans cette grève. "On indique que l'on veut se battre pour la qualité des soins, et pour le faire, on arrête de fournir ces soins. Du point de vue des patients concernés, ce n'est pas forcément un signe de qualité".
Propos recueillis par Thibaut Schaller
Adaptation web: Jessica Vial