"La direction du Collège de Saussure a failli à l'époque", a admis la ministre lundi au cours d'une conférence de presse. Mais "les personnes en place" lorsque l'islamologue enseignait dans l'établissement, au début des années 2000, ne le sont plus depuis longtemps, a-t-elle souligné.
Même l'actuelle secrétaire générale, présente à la conférence de presse, a assuré "n'avoir eu vent de rien".
Anne Emery-Torracinta a par ailleurs souligné que le dossier administratif de Tariq Ramadan ne contenait aucun élément relevant.
En l'absence de ces prérequis, la magistrate n'envisage donc pas d'ouvrir une enquête administrative, mais reconnaît que l'affaire "suscite manifestement encore beaucoup d'émotion".
Mesures adéquates déjà prises
Elle estime que le Département de l'instruction publique (DIP) a déjà pris les mesures adéquates, notamment en ouvrant une ligne dédiée aux abus, après que Tariq Ramadan a été cité dans des affaires de harcèlement sexuel et de viols en France.
La RTS avait eu copie de la lettre datée de dimanche, où plusieurs personnalités, dont l'écrivain-reporter Laurence Deonna ou le député Vert François Lefort, demandaient l’ouverture d’une enquête administrative pour faire la lumière sur les activités de l'islamologue lorsqu'il travaillait au Collège de Saussure.
"Ce que souhaitent les auteurs, c'est comprendre ce qui s'est passé: est-ce qu'on avait les moyens de savoir? Est-ce que c'est remonté à la direction? Mais ce n'est pas une enquête administrative, qui ne peut être ouverte que contre un collaborateur en place, pour des soupçons de faute grave", explique Anne Emery-Torracinta dans l'émission Forum.
Elle assure chercher "s'il y aurait moyen de trouver une personne extérieure, qui pourrait montrer que nous n'avons rien caché dans ce collège".
"Je n'ai pas le moyen de solder un passé duquel on n'a aucune trace", regrette la ministre, ajoutant qu'elle ne peut "qu'encourager les victimes à faire remonter l'information".
"Termes mafieux"
Anne Emery-Torracinta s'est en revanche dite choquée par certains termes employés dans le document, qui évoque notamment une "omerta institutionnelle". Dans Forum, elle dénonce des "termes mafieux" qui sous-entendent une "loi du silence". Elle n'entend toutefois pas déposer plainte.
>> Lire : Demande d'enquête administrative sur Tariq Ramadan à Genève
Laetitia Guinand, Chrystel Domenjoz et Thibaut Schaller