L'automne dernier, bouleversées par l’affaire Ramadan, des jeunes filles se décident à parler. Elles accusent un enseignant encore en poste de harcèlement. Ce professeur est suspendu et en février le Conseil d'Etat genevois ordonne une enquête administrative pour des faits qui se sont déroulés au moins jusqu'en 2015.
Une ancienne élève a ainsi été entendue une première fois par le Département genevois de l'instruction publique (DIP), en novembre. Dès 2013, lorsqu'elle est son élève, et surtout après l’obtention de sa maturité, alors qu'elle vient d'avoir 18 ans, elle a été la cible de cet enseignant.
"A l’époque, c’était une personne que j'appréciais énormément et pour qui j’avais de l'admiration. C'est une personne qui me renvoyait cette admiration et qui me disait que j'étais géniale, ça reste une figure d’autorité, j'avais l'impression que c'était une faveur qu'il me faisait et que j'avais pas le choix que de répondre".
"Il m'a dit qu'il s'était masturbé"
"Il me demandait si je me masturbais, si j'avais déjà envoyé des photos nues de moi à des gens, des détails de ma sexualité et de comment elle se passait. Il me disait qu'il se souvenait de mes jambes quand j'étais en short, puis il me disait qu'il se masturbait le soir quand il était à son bureau en train d'écrire".
Sur le moment, la jeune fille se mure dans le silence. Les déballages de l'affaire Ramadan réveillent ses blessures. "J'ai réalisé qu'il y avait d’autres personnes à qui c'était arrivé".
Une autre jeune fille prend également la parole au nom de sa meilleure amie trop terrorisée pour sortir de l'anonymat. Les faits se sont déroulés alors que cette dernière était en année de maturité et qu'elle était dans la classe de cet enseignant. "Elle m'a montré une vidéo où il est nu sous la douche en train de se toucher".
Au moins cinq jeunes femmes
Selon les informations de Mise au point, au moins cinq jeunes femmes disent avoir été harcelées par cet enseignant. Contacté, l'avocat du professeur n'a pas souhaité s'exprimer.
L'enquête sera terminée dans les prochaines semaines mais le DIP a déjà fait savoir qu'il ne pourra communiquer ni ses conclusions, ni une éventuelle sanction.
Interrogée dans l'émission Mise au point, la conseillère d'Etat genevoise Anne Emery-Torracinta, cheffe du Département de l'instruction publique, a déclaré qu'elle avait déclenché la procédure contre cet enseignant dès qu'elle avait entendu parler de ces témoignages. "Si les faits sont exacts, ils sont tous simplement inacceptables".
La procédure était en cours bien avant que la presse ne s'empare de cette affaire, s'est encore défendue la conseillère d'Etat.
Anne-Frédérique Widmann