L'oeuvre se fond le long des allées du parc Trembley, non loin du Palais des nations, mais pas trop près non plus. Le mémorial, sujet de controverses, a été protégé jusqu'au dernier moment par des barrières pour éviter tout vandalisme.
Auprès de la communauté arménienne étaient rassemblées de nombreuses personnalités genevoises. Aucun représentant officiel de la Confédération n'était en revanche présent, notait Delphine Gianora, journaliste de la RTS.
Une oeuvre "éclatée"
Le mémorial est composé de neuf réverbères de bronze de près de dix mètres de hauteur, qui se terminent, à leur bout, par une ampoule en forme de larme. "Cette oeuvre se veut éclatée, faite d'éléments dispersés, à l'image de ce que peut être une diaspora", commentait son créateur Mélik Ohanian.
C'est un monument qui dit qu'il ne faut pas que ça recommence
Le chanteur Charles Aznavour, ambassadeur extraordinaire de la République d'Arménie en Suisse, était également présent. Pour lui, ce mémorial ne symbolise pas seulement ce que les Arméniens ont subi. "C'est un monument qui dit qu'il ne faut pas que ça recommence", confiait-il au 19h30 de la RTS.
"Une grande erreur", selon des associations turques
Le monument commémoratif suscite en revanche la colère du côté de la Fédération des Associations turques de Suisse romande. Malgré des tracts appelant à manifester contre le monument, l'inauguration s'est déroulée sans encombres.
"Nous sommes frustrés car ce monument symbolisera un lieu de confrontation entre communautés, ce que je pense être très dangereux, déclare Celâl Bayar, président de la Fédération des Associations turques de Suisse romande, dans le 19h30 de la RTS. La ville de Genève a fait une très grande erreur."
Dix ans de controverse
Le projet d'ériger un mémorial faisant référence au génocide arménien avait été voté par le Conseil municipal de la Ville de Genève, en 2008. Un concours avait été organisé et le projet de l'artiste français d'origine arménienne Mélik Ohanian avait été primé en 2011.
Le mémorial devait initialement être érigé au bastion Saint-Antoine, mais la découverte de vestiges archéologiques avait conduit à l'abandon de l'emplacement.
La municipalité avait alors jeté son dévolu sur le parc du Musée Ariana, près de l'ONU. Un choix qui avait une nouvelle fois dû être abandonné à cause des tensions diplomatiques qu'il avait provoquées, conduisant même à l'intervention de la Confédération.
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La Ville de Genève s'est finalement rabattue sur le parc Tremblay. Il y a trois semaines, après 10 ans d'attente, l'artiste est venu personnellement installer son oeuvre.
Reportage TV: Delphine Gianora
Adaptation web: Mouna Hussain/ats
Reconnaissance du génocide arménien
Un million et demi d'Arméniens ont été massacrés entre 1915 et 1917. La communauté arménienne se bat depuis 100 ans pour faire reconnaître le génocide, définition que les Turcs ont toujours refusée.
Au niveau suisse, seuls la ville de Genève et le Conseil national parlent de génocide. Le Conseil fédéral lui, ne le reconnaît pas.