"J'ai sans doute été imprudent", a reconnu dans la presse romande Pierre Maudet. Le paquet, comprenant le vol, l'hôtel et les places pour un Grand Prix de formule 1, a été "pris en charge" par l'entrepreneur Saïd Bustany, qui connaissait l'ami du conseiller d'Etat qui a organisé le voyage.
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Des contreparties ont-elles été demandées à l'élu PLR? C'est la question que se posent désormais plusieurs députés genevois.
"Moi je n'ai pas d'ami d'amis qui m'offre de tels voyages", réagit dans le 19h30 Ana Roch, présidente du MCG. "Pierre Maudet dit qu'il n'y a pas eu de contreparties, aujourd'hui nous ne le savons pas, nous sommes obligés de le croire sur parole."
"Je ne pense pas que Pierre Maudet soit quelqu'un de malhonnête qui cherche une contrepartie, il ne faut pas l'accuser de cela", estime dans Forum François Baertschi, député et secrétaire général du MCG. "En revanche, ce qu'il y a de grave, c'est que d'autres personnes ont peut-être obtenu des contreparties à ses dépens (...). On doit enquêter sur cet élément".
Vers le dépôt d'une interpellation parlementaire
De son côté, Jean Batou, député d'Ensemble à Gauche, va déposer une interpellation parlementaire pour obtenir des explications du Conseil d'Etat à propos du voyage du magistrat.
Il explique dans le 12h30 que c'est "une grosse imprudence d'accepter une invitation d'un homme d'affaires qu'on ne connaît pas, qui pourrait servir d'intermédiaire avec le pouvoir émirati", même si aucune contrepartie n'est demandée.
"Genève entretient des rapports extrêmement importants, extrêmement denses sur le plan économique et financier avec les Emirats", rappelle l'élu qui est par ailleurs en procédure judiciaire avec Pierre Maudet pour une autre affaire. "Il est très facile d'imaginer que le pouvoir émirati ait des demandes à faire aux magistrats suisses ou genevois."
Le député d'Ensemble à Gauche souhaite que le Parlement fixe des règles, "pas seulement pour Pierre Maudet, mais pour l'ensemble des magistrats". Et d'estimer qu'il faudrait aussi cadrer ce qui se passe lors de voyages privés.
Tous les représentants des partis gouvernementaux joints par la RTS s'accordent à dire que trop de zones d'ombre demeurent dans cette affaire.
Le PLR en rang derrière son représentant
Seul le PLR prend la défense de son magistrat. "Je ne crois pas que la confiance est ébranlée. On le sait intègre. Il a reconnu une imprudence, mais il a vraiment fait toute la lumière", affirme Alexandre de Senarclens. "Il a dit et redit qu'il n'y avait pas d'argent public, que c'était un voyage privé, qu'il n'y a eu aucun retour d'ascenseur, on arrive au bout de ce dossier", estime le président de la section genevoise du parti. "Je pense qu'il accédera à la présidence du Conseil d'Etat parce qu'il est le meilleur élu."
Contacté par la RTS, Pierre Maudet n'a pas souhaité s'exprimer à la télévision sur cette affaire.
Pour l'heure, le Ministère public genevois a ouvert une procédure contre inconnu, pour acceptation d'un avantage.
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