Le Ministère public cantonal a indiqué jeudi dans un communiqué que "les éléments de preuve recueillis diffèrent très sensiblement des informations données par Pierre Maudet et son chef de cabinet". Ce qui a conduit le Parquet à ouvrir formellement l'instruction contre l'élu libéral-radical et à souhaiter l'entendre "en qualité de prévenu d'acceptation d'un avantage". C'est pour cette raison que le Grand Conseil est sollicité.
Il est en effet rappelé qu'à teneur de la loi, un conseiller d'Etat ne peut être poursuivi pour des infractions commises dans l'exercice de ses fonctions qu'avec l'autorisation du Parlement cantonal.
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Les éléments avancés par le Parquet
Dans le communiqué, il est dit que "le conseiller d'Etat, sa famille et son chef de cabinet ont été formellement invités à Abu Dhabi par le Cheik Mohamed Bin Zayed Al Nahyan, prince héritier de l'émirat, pour assister à un grand prix de formule 1". Jusqu'à présent, Pierre Maudet a toujours affirmé qu'il s'agissait d'un voyage privé, payé par l'ami d'un ami.
D'autres éléments de preuve semblent indiquer que le prince héritier a payé leurs vols en classe affaires et leur hébergement pour un total de plusieurs milliers de francs. "Le dénommé Saïd Bustany n'a joué aucun rôle dans le financement de ce voyage, sa mention aurait été décidée par les intéressés en 2018, dans le but de dissimuler la véritable source de financement", selon le Parquet.
Enfin, le Ministère public suspecte que ce voyage a été mis sur pied par des personnes et sociétés actives dans l'immobilier à Genève et qui sont en contact régulier avec Pierre Maudet et son chef de cabinet, qui a quitté ses fonctions fin juin.
Auditions et perquisitions
Le Ministère public a été saisi en août 2017 d'un rapport de police portant sur le voyage du 26 au 30 novembre 2015 à Abu Dhabi par Pierre Maudet, sa famille et son chef de cabinet.
Le Parquet a alors ouvert une procédure contre inconnu, qui a été confiée au premier procureur Stéphane Grodecki, sous la direction du procureur général Olivier Jornot et du premier procureur Yves Bertossa.
Dans le cadre de l'enquête préliminaire, il a été procédé à divers actes d'instruction, dont des auditions et perquisitions. Jusqu'à présent, le conseiller d'Etat Pierre Maudet et son chef de cabinet avaient le statut de personnes appelées à donner des renseignements.
Pas de commentaire de Pierre Maudet
Sollicité par les médias, le conseiller d'Etat a fait savoir qu'il ne souhaitait pas faire de commentaires sur la décision du Ministère public.
"Pierre Maudet souhaite pouvoir collaborer pleinement à l'établissement de l'entier des faits que vous instruisez", a écrit jeudi après-midi au Ministère public son avocat, Grégoire Mangeat, dans une lettre transmise aux médias. Le président du Conseil d'Etat demande à être entendu rapidement.
Dans cette lettre, Pierre Maudet consent aussi à ce que son immunité soit levée. Malgré cela, la commission législative devra examiner la demande du Ministère public, puis le Grand Conseil se prononcera à huis clos. En juin, lors d'une session extraordinaire, une majorité des députés avait réprouvé l'acceptation du luxueux cadeau par le magistrat, sans en connaître l'origine exacte.
gax/boi avec ats