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La session extraordinaire du Grand Conseil sur Pierre Maudet semble compromise

Pierre Maudet. [Keystone - Marcel Bieri]
L'affaire Maudet pourrait prendre du temps avant de connaître son épilogue / Le 12h30 / 2 min. / le 1 septembre 2018
La session durant laquelle le Grand Conseil genevois devra se prononcer sur la levée de l'immunité de Pierre Maudet pourrait n'avoir lieu que le 20 septembre. L'idée d'accélérer la procédure via une session extraordinaire semble en voie d'être écartée.

Depuis que le Ministère public genevois a annoncé jeudi sa volonté de poursuivre le président du Conseil d'Etat Pierre Maudet, le PLR, parti auquel appartient le magistrat, souhaitait que le débat du Parlement sur la levée d'immunité se tienne le plus rapidement possible.

Le PLR a ainsi dès vendredi réuni les 30 signatures de députés nécessaires pour demander une session extraordinaire du Grand Conseil. Le PDC et quelques voix de l'UDC ont appuyé les libéraux-radicaux, mais pas la gauche. Cette session semble néanmoins compromise.

Pas de volonté de précipiter les choses

La commission législative qui doit donner son préavis ne s'est en effet pas saisie de l'affaire vendredi. Et sans son rapport, aucune session extraordinaire n'est possible. Ce serait donc lors de la prochaine session ordinaire, le 20 septembre, que les députés se saisiraient de l'affaire Maudet.

Pour Romain de Sainte-Marie, vice-président du Parti socialiste genevois, il n'y a en effet pas de volonté de précipiter les choses. "Je ne pense pas que la question est d'avoir une session extraordinaire ou pas (...) Un ou deux jours dans l'agenda, ce n'est pas ça qui changera quelque chose à la justice pour pouvoir faire toute la lumière sur cette affaire", a expliqué le député samedi dans le 12h30 de la RTS.

Pas de pressions gouvernementales sur Pierre Maudet

Du côté du gouvernement, les conseillers d'Etat semblent aussi toujours faire bloc et rien ne paraît s'être décidé vendredi. Le gouvernement a dès jeudi indiqué ne pas vouloir prendre de décision précipitée et pris acte du souhait de Pierre Maudet d'être levé de l'immunité, et ce de manière rapide.

Il n'y aurait ainsi pas eu de pressions exercées sur Pierre Maudet au Conseil d'Etat, notamment des magistrats de gauche, pour le dessaisir de certains dossiers ou de la présidence du collège. Le PS est d'ailleurs très divisé à ce sujet. Alors que certains suivent la gauche de la gauche en demandant la démission immédiate de Pierre Maudet, d'autres veulent s'aligner sur le temps judiciaire, à l'image de Romain de Sainte-Marie.

Pour le député PS, il faut respecter le principe de séparation des pouvoirs et "laisser la justice s'emparer du dossier, voir si les faits qui ont été mentionnés sont avérés et donc voir s'il y a une condamnation au final." En attendant les conclusions du Ministère public, Romain de Sainte-Marie estime que Pierre Maudet doit rester en place pour le bien de l'avancement des dossiers.

>> Les réactions politiques dans le 19h30 :

Outre le volet judiciaire, Pierre Maudet peut-il tenir politiquement ? Le MCG demande déjà la suspension du magistrat.
Outre le volet judiciaire, Pierre Maudet peut-il tenir politiquement ? Le MCG demande déjà la suspension du magistrat. / 19h30 / 2 min. / le 31 août 2018

Accusé d'avoir menti

Jeudi, le Parquet a annoncé vouloir poursuivre Pierre Maudet pour avoir accepté un avantage lors de son voyage à Abu Dhabi en 2015, soulevant une vague de critiques et d'indignation contre le magistrat.

Le Ministère public a annoncé qu'il soupçonnait l'élu PLR d'avoir menti. Selon le communiqué publié jeudi, "le conseiller d'Etat, sa famille et son chef de cabinet ont été formellement invités à Abu Dhabi par le Cheik Mohamed Bin Zayed Al Nahyan, prince héritier de l'émirat, pour assister à un grand prix de formule 1". Jusqu'à présent, Pierre Maudet avait lui toujours affirmé qu'il s'agissait d'un voyage privé, payé par l'ami d'un ami.

>> Lire aussi : La justice genevoise veut poursuivre le conseiller d'Etat Pierre Maudet

Sylvie Belzer/boi

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Dénonciation pénale confirmée

Une dénonciation pénale a été envoyée en début de semaine au Ministère public, a déclaré samedi Pierre Bayenet, l'avocat de ce patron de PME, confirmant des informations de Radio Lac. Cette dénonciation évoque deux soirées qui auraient en partie été offertes à Pierre Maudet dans un restaurant du quartier des Grottes.

L'un de ces événements aurait été organisé par une personne active dans le domaine de l'immobilier, proche de Pierre Maudet. Il s'agissait de marquer le lancement du restaurant. Selon l'auteur de la dénonciation, cette fête était "en lien avec la délivrance rapide de l'autorisation d'ouvrir l'établissement".

Le patron de PME parle également, dans sa dénonciation, de la célébration, dans ce restaurant, de l'anniversaire de Pierre Maudet, en 2017. Selon lui, les 4000 francs dépensés pour la soirée ont été versés par la société de cet entrepreneur genevois, aussi soupçonné d'avoir participé à la mise sur pied du fameux voyage aux Emirats.

Samedi, la Tribune de Genève a publié la réponse de Pierre Maudet à ces accusations. Le conseiller d'Etat les rejette catégoriquement dans un e-mail adressé au journal daté du 21 juin. (ats)