Le Grand Conseil s’est réuni en séance extraordinaire jeudi soir. Lors de cette dernière, les députés ont largement accepté de lever l’immunité de Pierre Maudet. Aucun parti ne s'y opposait.
En marge de la session, le député socialiste Thomas Wenger a rappelé le caractère exceptionnel de cette mesure. "C’est la première fois dans l'histoire de Genève que le Grand Conseil lève l'immunité d'un conseiller d'Etat. Pour nous, les socialistes, cette décision est vraiment importante pour que le Ministère public puisse interroger Pierre Maudet", a-t-il dit au micro de la RTS.
Le Ministère public pourra ainsi entendre l'élu PLR comme prévenu pour "acceptation d'un avantage" après son voyage à Abu Dhabi dont les frais ont été pris en charge par le prince héritier de l'Emirat.
Pour rappel, le magistrat a menti sur ce financement en affirmant que la facture avait été réglée "par l'ami d'un ami".
Large soutien à la réorganisation du Conseil d'Etat
Plus tôt dans la soirée, les députés ont refusé le caractère urgent de la résolution d'Ensemble à gauche réclamant une démission de Pierre Maudet. Elle sera donc traitée prochainement au Grand Conseil.
Par ailleurs, les deux résolutions concernant la réorganisation du Conseil d'Etat ont été acceptées. La première, défendue par Ensemble à gauche, a passé la rampe de peu avec 51 voix, contre 43. Elle a été soutenue par la gauche et l'UDC. La seconde, déposée par l'exécutif cantonal, a été acceptée à l'unanimité, soit par 95 voix.
Il y a une semaine, le Conseil d'Etat avait en effet pris de nouvelles mesures à l'encontre de Pierre Maudet, lui retirant la Département présidentiel, la responsabilité de la police et la charge de l'aéroport.
>> Lire : Pierre Maudet perd le Département présidentiel et la responsabilité de la police
"On ne peut plus continuer comme cela"
Dans le 19h30, le PDC Bertrand Buchs a insisté sur le fait que la situation avait assez duré: "On ne peut plus continuer comme cela. On est dans un climat de suspicion délétère. La solution passe par la décision que (Pierre Maudet) s'en aille".
Le PLR a estimé au contraire que son conseiller d'Etat fait figure de victime. "On a le sentiment d'une chasse à l'homme, que tout le monde veut le faire chuter et que l'on a peu de distance avec les faits. On a de la peine à faire la part des choses et nous le regrettons", a déclaré le président cantonal de la formation Alexandre de Senarclens.
Pierre Maudet absent
Il a toutefois été impossible d'interroger le principal intéressé, puisque celui-ci s'est fait excuser pour l'ensemble de la session. Une absence qui ne témoigne aucunement d'un manque de courage, a insisté son collègue Mauro Poggia: "On peut reprocher beaucoup de choses à Monsieur Maudet, mais pas de manquer de courage ces derniers jours."
Mathieu Henderson
Démission de la Conférence des directeurs cantonaux de justice et police
Après avoir renoncé provisoirement à la présidence du Conseil d'Etat genevois, Pierre Maudet renonce aussi à celle de la Conférence des directeurs cantonaux de justice et police (CCDJP). Le ministre PLR y avait été nommé en avril dernier.
Le conseiller d'Etat genevois a informé le comité de la CCDJP de sa décision lors d'une séance à Zoug jeudi et vendredi, indique cette dernière vendredi dans un communiqué. Le ministre argovien Urs Hofmann a été nommé afin d'assurer l'intérim.
Le comité s'est entretenu avec Pierre Maudet de la procédure pénale ouverte à son encontre pour acceptation d'un avantage, peut-on lire dans le communiqué, qui ne donne pas d'autre détail. A l'origine, un point de presse avait été annoncé, mais il a été annulé, car aucune information supplémentaire ne peut être donnée, explique la CCDJP.