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Une voie réservée au covoiturage ouvre aux portes de Genève

Le covoiturage peine à s'imposer. Une solution est proposée à la frontière franco-suisse aux portes de Genève.
Le covoiturage peine à s'imposer. Une solution est proposée à la frontière franco-suisse aux portes de Genève. / 19h30 / 2 min. / le 4 octobre 2018
C'est une première en Europe: une voie de covoiturage binationale sur autoroute et comptant un passage en douane ouvre aux portes de Genève. L'objectif est d'encourager le covoiturage dans un pays où il peine à convaincre.

Un kilomètre de voie au niveau de la douane franco-suisse de Thônex-Vallard sera réservé durant un an aux voitures transportant au moins deux personnes. Ouverte le matin (6h30-8h30) et le soir (16h-19h) aux heures de pointe, elle vise à diminuer les bouchons à la douane et à fluidifier le trafic en ville.

Ce test d'une année devrait donner un coup d'accélérateur au covoiturage en Suisse, où le taux d'occupation moyen d'une voiture et de 1,1 personne, bien en dessous de nos voisins européens.

Pourtant, plus de 25'850 heures d'embouteillages ont été enregistrées l'an dernier sur les routes nationales, un chiffre qui a doublé depuis 2009.

Le prolongement de sa maison

Plusieurs obstacles empêcheraient le covoiturage de se développer en Suisse. Tout d'abord, la multiplication des sites, qui rend la constitution des équipages plus difficile. Mais il y a aussi le manque d'aménagements, comme des aires de covoiturage où laisser sa voiture pour partager un trajet.

Thierry Chanard, architecte urbaniste et directeur du groupe d'étude en aménagement, évoque aussi un problème culturel: "Les pays latins sont connus pour avoir une culture automobile plus forte. Les gens ne partagent donc pas nécessairement un outil qui leur appartient, qui leur est cher et qui représente un peu le prolongement de leur maison."

L'argument environnemental

En Suisse, l'argument économique est aussi souvent avancé pour expliquer le manque de volonté de se regrouper dans une même voiture: on peut se permettre d'aller seul en voiture. En outre, les transports en commun sont efficaces et ne plaident pas pour un mode de mobilité alternatif.

Les promoteurs du covoiturage ont donc surtout mis en avant l'argument environnemental. Mais si le covoiturage citoyen spontané ne prend pas encore suffisamment, celui en entreprise progresse plus rapidement. Selon le TCS, quelque 10% des entreprises suisses encourageraient le covoiturage entre leurs employés.

>> Les précisions d'Estelle Braconnier :

Estelle Braconnier : "Aujourd'hui 10% des sociétés organisent le covoiturage entre leurs employés."
Estelle Braconnier : "Aujourd'hui 10% des sociétés organisent le covoiturage entre leurs employés." / 19h30 / 1 min. / le 4 octobre 2018

Estelle Braconnier et Feriel Mestiri

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Et pour convaincre les frontaliers, ces derniers bénéficieront d'un rabais sur leur abonnement s'ils utilisent l'application de covoiturage Klaxit ou Mov'ici.
"Il peut y avoir une différence de 9 à 20% sur la facture de péage de nos abonnés. Mais nous ignorons vraiment combien franchiront le pas et quel sera l'impact sur nos recettes", explique Thierry Repentin, président des Autoroutes et tunnel du Mont-Blanc (ATMB).
Seul gestionnaire autoroutier avec la SFRTF à ne pas avoir été privatisé en 2005, l'ATMB est détenue à 91,3% par l'État français, les départements de Haute-Savoie et de l'Ain, ainsi que le canton et la ville de Genève.
Les fraudeurs risqueront une amende de 22 euros côté français. Rien en Suisse.